« Quand Héma-Québec refuse ton sang de cordon »

Vous avez probablement déjà entendu parler de Mai Duong, cette jeune maman d’origine vietnamienne qui cherchait désespérément, jusqu’à tout récemment, un donneur de cellules souches pour combattre un cancer. Cet automne, elle a heureusement pu recevoir cette greffe sous forme de sang de cordon.

Lorsque mon médecin m’a tendu la documentation sur le don de sang de cordon, j’étais vraiment curieuse. J’en avais certes entendu parler, mais je ne connaissais pas exactement la portée du geste. La simple lecture du document m’a convaincue de remplir le formulaire et de le rapporter à mon médecin lors de mon rendez-vous suivant.

Je n’y voyais que des avantages et j’étais heureuse de savoir qu’un geste si simple pouvait apporter autant à ceux qui en bénéficieraient. De plus, j’étais tellement scandalisée lorsque mon médecin m’a dit que moins de 50 % de ses patientes rapportaient le formulaire. Et sur celles-ci, un peu moins de 30 % voient leur don accepté pour diverses raisons médicales. Quand on regarde tout ça, ce n’est pas très encourageant comme portrait.

Quelques semaines plus tard, je reçois un appel d’Héma-Québec qui m’annonce que je ne pourrai pas faire don de mon sang de cordon.

WHAT?!

La raison : le père biologique de mon chum est un donneur anonyme. Pas un gars qui a vendu son sperme pour 100 piastres sur le Web là. Non. Une personne qui fait légalement partie du système, qui a subi une batterie de tests génétiques et qui s’est fait qualifier de super donneur en raison de son absence de maladies et d’antécédents de ce genre.

J’ai eu beau argumenter, expliquer que si ma belle-mère avait rencontré le père biologique de mon conjoint un soir dans un bar, était tombé enceinte sans le connaître, mais aurait gardé contact par principe, on me laisserait faire. On ne me demanderait pas les antécédents de cet inconnu, seulement parce que son nom serait inscrit sur la ligne.

Rien à faire.

Je savais bien que je m’énervais dans le vide. La pauvre femme au bout du fil n’avait aucun pouvoir sur la décision prise. Elle n’était que l’annonciatrice d’une mauvaise nouvelle.

C’est juste que ça me fâchait tellement cette décision, prise sans réelle réflexion, mais en suivant un protocole. Je conçois que ce protocole est essentiel. Je trouve seulement extrêmement dommage qu’il soit aussi restreignant, surtout considérant le trop petit nombre de dons qui se réalisent vraiment.

Ça me donne presque le goût de mentir la prochaine fois. Je ne suis pas fière de l’avouer, mais c’est vrai.

Et en passant, ce n’est vraiment pas pour cette raison que ce texte est écrit de façon anonyme. C’est seulement que mes beaux-parents, pour des raisons qui leur appartiennent, n’ont tout simplement pas dit à l’ensemble de leur famille de quelle façon avait été conçu leur fils. Simple de même.

Avez-vous donné votre sang de cordon? Que pensez-vous de cette initiative?