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« Je suis le mouton noir de ma famille »
Crédit: Michael Fousert

Est-ce que chaque cellule familiale a son mouton noir? Je ne pourrais l’affirmer, mais dans ma famille le mouton noir : c’est moi ! Ce n’est pas une impression vaguement ressentie, mais un fait. 

Je suis l’enfant sandwich, née entre un grand frère parfait et une petite princesse. J’ai été désirée, aimée, mais je n’ai jamais su trouver ma place entre les exploits de ce grand sportif et les balbutiements du bébé de famille. J’ai pris le rôle du bouffon pour qu’on m’accorde un peu de temps. J’ai caché ma solitude et mon mal de vivre derrière le mur du rire, comment mieux y arriver?

Déjà toute jeune on s’inquiétait de ma grande sensibilité; j’ai vieilli avec une paire d’antennes et une éponge à la place du cœur. J’ai cette capacité inouïe à TOUT ressentir : les joies, les malaises, les incertitudes et inconforts. J’aurais de loin préféré faire mon bout de chemin sans absorber les émotions des autres, mais je l’ai compris plus tard, à mes dépens.

J’ai trouvé refuge dans les arts et mon extrême sensibilité m’a enfin servi. Je perçois et ressens la vie différemment des autres membres de ma famille et mes choix en sont teintés. Je choisis une voie alternative, plus intuitive…

Dans ma famille, un débordement émotif est inacceptable ou perçu comme un signe de faiblesse. Je suis sensible, je pleure donc je suis faible; Je suis faible donc je ne peux prendre de décisions éclairées; Je ne peux prendre de décisions réfléchies donc je suis irresponsable; Je suis irresponsable donc indigne de confiance.

À travers leurs lunettes, je me sens inadéquate avec mes enfants, instable professionnellement, exigeante avec mon conjoint, irrationnelle, dépendante et fragile.

Ce n’est pas méchant, ni même volontaire ou conscient, mais voilà le bagage que je traîne sur mes épaules depuis ma tendre enfance. J’ai tenté de m’en affranchir, rentrer dans les rangs et faire ce qu’on espérait de moi. Chaque fois, je suis retombée plus bas.

Encore aujourd’hui, j’ai le souhait de sentir la fierté de mes parents pour mon ouverture, ma grandeur d’âme, ma souplesse et ma résilience. Je sais qu’ils m’aiment, je n’en ai jamais douté et sais cependant qu’ils ont leurs limites et qu’il m’appartient d’en faire fi. (J’espère y arriver)

Sentez-vous que vous êtes différents des autres membres de votre famille? Comment arrivez-vous à vous réconcilier avec ce sentiment?

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