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La peur (fondée) d’accoucher, d’où vient-elle et comment la surmonter?
Crédit: Valerie Fraser

Avant de tomber enceinte, j’avais une seule peur en tant que femme : un jour accoucher.
« Accoucher » n’était même pas le mot que j’utilisais, mais plutôt « sortir un humain de ma snatch ». J’avais peur que ça déchire et là je ne parle même pas de mon vagin. Je parle de mon ventre. Je pensais que ça pouvait éclater, que mes hanches ne tiendraient pas le coup. Je pensais que le mal me tuerait. Que s’il ne tuait pas mon corps, il tuerait au moins mon esprit. Que je ne pourrais jamais en revenir et être normale. Que je ne pourrais jamais aimer mon enfant après le mal qu’il m’aurait infligé.

Quand je suis tombée enceinte, j’en ai discuté longuement avec ma sage-femme. Ma peur était réelle… et fondée. Je ne voyais pas du tout une belle scène remplie d’amour mais plutôt Sigourney Weaver couchée sur une table avec une bête qui lui sort du ventre. Mais elle venait d’où, cette foutue peur? Pourquoi est-ce qu’elle était si intense?

Aussi peu maternelle que je l’avais toujours été avant d’avoir mes enfants, j’avais toujours trouvé un plaisir incroyable à écouter des émissions genre A Baby Story. Je trouvais ça drôle de voir une scène d’accouchement dans un film hollywoodien. Un drôle teinté de jaune. J’écoutais les histoires d’accouchements de ma grand-mère comme je regarde un film de peur : effrayée, mais intriguée.

Crédit : HighT3ch /Montage: Valerie Poulin

Y’avait aussi ces vidéos d’hommes qui « accouchent » qu’on voit passer sur les Interwebs. Des vidéos qui semblent inoffensives et drôles. Mais, au fond, ces vidéos-là renforcent l’idée que l’accouchement, c’est impossible. On s’imagine que si même le grand gars musclé n’arrive pas à le faire, alors nous, petites et fragiles, on n’y arrivera pas non plus. 

C’était comme un amalgame qui s’était créé au fil du temps sans trop que je m’en rende compte. Un voile noir qui s’était déposé sur ma maternité encore sous-développée, profond dans mon inconscient. J’avais déjà levé mon petit drapeau blanc avant même d’essayer.

Parfois, je me demande si les compagnies pharmaceutiques qui produisent la péridurale ne seraient pas derrière le financement de ces « études », ces films et ces émissions… Bon, j’exagère, comme d’habitude, mais soyons honnêtes, ça sert à quoi tout ça? Elle cherche à faire quoi et à qui cette vidéo? C’est qui le public cible de A Baby Story? La fille qui est déjà maman ou celle qui rêve de l’être? 

Crédit : Meetville

Grâce à ma sage-femme et à mon mari, à de longues heures de discussion et aux récits d’accouchements positifs que je lisais, ma confiance en moi et en mon corps s’est bâtie. J’ai compris qu’il y avait des siècles de femmes qui avaient accouché avant moi, que je n’étais pas seule dans mon combat intra-utérin. Les histoires de ces femmes si fortes m’ont donné espoir et m’ont accompagnée.

Pendant 9 mois, mon bébé prenait forme et à ma manière, moi aussi. La mère confiante prenait de plus en plus de place et la gamine apeurée partait tranquillement par la porte de derrière. Le processus a été difficile et formateur, mais nécessaire. Mon introspection aura été un outil incroyable, car le jour venu, je me sentais forte et accompagnée dans mon voyage. Je savais que je pouvais le faire et que toutes ces conneries n’étaient que ça, au final. Des conneries. Que j’étais plus forte que ça.

Est-ce que vous avez l’impression que notre culture travaille souvent contre nous quand on parle de peur d’accoucher?

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