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L’adoption – Quand un beau moment découle d’un drame
Crédit: Valérie Gauthier

Notre dossier était enfin complété, à la veille d’être envoyé à l’autre bout du monde. J’avais encore des étoiles dans les yeux et des fleurs dans mon coeur que l’idée romanesque que j’avais de l’adoption n’avait d’égal que la vision réaliste et crue de mon mari : « Tu réalises que l’adoption commence par un événement tragique, hein? C’est pas normal qu’une mère doive abandonner son bébé… » Non.

Malgré les cours et les nombreuses lectures, je n’y voyais encore que du beau : nous serions enfin trois! Nous aurions notre bébé, nous l’inonderions de tout l’amour que nous accumulions depuis des années. Nous étions matures, nous étions forts, nous étions prêts.

À la fin, pas du tout. Ce que j’avais lu dans les livres sans trop l’absorber, je l’ai compris en voyant le regard endeuillé et apeuré de ma fille. Son corps raide, ses petits doigts crispés s’agrippant à nous comme une bouée, ses pleurs désespérés. 

C’était moi la maman-monstre, celle qui avait arraché son bébé à son pays de naissance, celle qui l’avait amené dans un pays d’hiver, de neige et de Blancs. Un endroit où les regards la dévisagent à chaque fois qu’elle est en notre compagnie. Un endroit où les gens se permettent de toucher ses cheveux avec un air curieux. Je m’en suis très longtemps voulu, je ne me donnais pas le droit de me réjouir de ma superbe fille, celle que j’avais tellement espérée.

On m’avait dit que le sentiment de culpabilité passerait. Ce n’était qu’une question de temps, que mon cerveau de maman déborderait d’obligations et de gestion du quotidien. Qu’on trouverait notre rythme, notre symbiose à nous. Quatre ans plus tard, il m’habite toujours. 

Si la vie était juste, je n’aurais pas l’immense privilège de materner ma fille et ça, j’y pense à tous les jours. Je passerai le reste de ma vie à tenter d’être à sa hauteur. 

Parents qui ont adopté, ressentez-vous cette impression parfois? 

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