Ma belle grande Juliette,
Te voilà toute endormie dans ton lit de grande. Je suis couchée à côté de toi, et j’ai le ventre qui fait de plus en plus de soubresauts. Ta petite sœur n’est même pas encore arrivée qu’elle fait déjà sentir sa présence. Tu me l’as dit, tu as senti les chatouilles sur ta main quand tu as touché mon ventre. Dans quelques jours, on saura enfin si elle a tes beaux yeux et tes petits cheveux bouclés.
Pour toi, dire « bébé Simone », c’est soulever mon chandail et faire semblant de jouer du tambour sur mon gros ventre. Tu lui donnes des bisous, puis tu retournes jouer avec tes casse-têtes et me quémandes de mettre la Reine des neiges à la télé.
À 2 ans et demi, tu ne sais peut-être pas ce que ça veut dire, être grande sœur. Moi non plus, je n’en ai aucune idée. Mais contrairement à toi qui sembles trouver ça drôle, maman est morte de trouille.
J’ai peur de ta réaction quand tu réaliseras que tu dois maintenant partager ta chambre avec une petite bestiole qui réclame maman jour et nuit. J’ai peur que tu ne veuilles pas partager tes jouets et ton espace de vie. À ton âge, qui pourrait te blâmer? J’ai peur de ne pas avoir l’énergie qu’il faut pour te consacrer autant de temps et d’attention que tout ce que je peux t’offrir en ce moment.
J’ai même peur que tu nous en veuilles. Je sais, c’est irrationnel. Mais j’ai peur pareil.
L’amour, ça se multiplie, et je n’arrive pas encore à croire que mon cœur puisse contenir plus d’amour que présentement.
Et je l’avoue, il m’arrive d’avoir peur de regretter, un moment donné, le temps où nous étions juste nous trois, avec papa. Irrationnel, je l’ai déjà dit… L’amour, ça se multiplie, et je n’arrive pas encore à croire que mon cœur puisse contenir plus d’amour que présentement.
Ma belle Juliette, tu ne seras plus jamais la seule princesse de cette maison. Tu ne seras plus jamais complètement le centre d’attention comme tu l’étais jusqu’ici. Je devrai t’apprendre la patience, la vraie. Je devrai t’apprendre à m’aider, à me supporter, à être une vraie de vraie grande fille à travers ton univers de toute petite fille que je souhaiterais ne jamais voir grandir.
Et je sais que, comme toujours, tu vas probablement me surprendre par tes réactions positives, tes gestes toujours doux, tes belles paroles et tes petites folies qui me font rire aux éclats.
Maman a peur, c’est vrai. Mais maman t’aime par-dessus tout ma belle, et j’espère arriver à surmonter tous les défis pour t’aider à comprendre que, bien que tu ne seras plus jamais fille unique, tu seras toujours spéciale pour moi. Car au bout du compte, c’est toi, ma chérie, qui m’as appris à être une maman.
Je t’aime. Bonne nuit!
Comment votre enfant a vécu l’arrivée de son petit frère ou de sa petite soeur?