« Profite-en, ça passe vite » m’avait prévenu la caissière en désabrillant mon bout de vie tout juste né. Intérieurement, je rageais. Profitez de QUOI, au juste, madame? De la ronde sans fin de l’allaitement et des couches? Des hurlements que j’encaisse? Du sommeil que je n’ai plus? Huhu.
Aujourd’hui, je sais.
Aujourd’hui, je comprends que le temps m’a volé mon si minuscule bébé.
Aujourd’hui, mon bout de vie aura un an et je veux retourner en arrière. Revivre sans fin nos premiers mois ensemble. J’ai le spleen, grave. JE NE VEUX PAS CÉLÉBRER le premier anniversaire de mon bébé.
Pourtant, les invités seront là, bientôt. J’ai la main à la pâte. Je prépare un smash cake sans sucre, conçu exprès pour bébés.
Il fait une lumière pareil comme celle du jour de mon accouchement. Une clarté ensevelie. Un soleil qui perce l’épaisseur de la neige, après des jours de tempête.
Je revois la chambre de l’hôpital. Avec le store brisé que je suivais des yeux à chaque contraction. Je revis tous les détails de ce jour qu’un an de vie a enterré.
Cet accouchement fantasmé (et craint) pendant sept ans de traitement en fertilité (maintenant devenus souvenirs). Ce petit bébé que je n’aurais jamais dû mettre au monde et qui pourtant, par miracle, éclaire ma vie. Un bonheur interdit. Maintenant devenu petite fille.
Non, je ne veux pas que le temps me vole le bébé que j’ai désiré à la folie! Je voudrais que ma petite fille reste cet être cute accroché à mon sein. Je la voudrais blottie contre moi TOUJOURS. Être mère d’une petite humaine devenue grande je n’en suis pas prête. Mais déjà elle se tient debout. Déjà, elle cherche à s’éloigner de moi.
Je voudrais encore longtemps savourer la réalisation de mon rêve. Regarder mon bébé les yeux écarquillés en m’étonnant : J’ai fait un petit humain pour de vrai! Awwww!
Mais voilà, les invités viennent d’arriver et je suis parvenue à m’accrocher un sourire au visage. J’ai l’air heureuse. Tout va bien.
Comment avez-vous vécu le premier anniversaire de votre enfant ?