Sous une lampe d’hôpital, par une nuit d’accouchement fantasmée pendant sept ans, à cheval sur un lit, j’ai entrepris d’écrire comment la maternité m’a flabbergastée.
Parce que j’avançais au pays des mères, la gueule grand ouverte, ébahie. Parce que j’étais tellement émerveillée par la transformation qui s’opérait en moi, j’ai décidé de raconter sous forme de blogue la fabrication de mon bébé (de 0 à 12 mois) et de la nouvelle maman que j’étais devenue.
La Fabrique est née.
J’ai ouvert un cahier. À la pointe de l’aube, après chaque tempête de pleurs, je me suis posée sur un fauteuil rouge sang, appuyé contre la fenêtre, et j’ai écrit. En allaitant, en marchant, en berçant, en pleurant.
Avant que tout s’éteigne, j’ai voulu vous partager quelques extraits et liens de ce qui revivra bientôt sous forme de récit papier, un nouveau début.
Au commencement, « un petit être réfrigéré puis réchauffé dans mon utérus » a fini par voir le jour. Dans la noirceur de l’hôpital, peau à peau, deux étrangères se rencontrent.
Il y a des moments de joie immense comme celui du premier sourire. « Toutes ces nuits défaites depuis l’accouchement ont été, le temps d’un éclat, dissipées par un sourire si vrai. […] Cette gaieté de bouche, ce claquement de langue, je ne pensais pas qu’une chose aussi puissante puisse
exister. »
Le jour se confond avec la nuit. « Nous aurions pu dormir tout le jour tant le ciel s’effondrait par la fenêtre. »
Les bonheurs minuscules deviennent immenses. « J’ai mis l’enfant dans le porte-bébé et la chaleur de sa peau sur la mienne. Je mêle le sucre au beurre. Au corps fondant, j’ajoute le miel et la vanille à petites gouttes. En tombant, la farine a l’air d’un nuage que bat la cuillère. »
Il y a des moment de fatigue et des moments d’amour. « Le repas s’acheva sous les étoiles où nous nous étions rencontrés treize ans plus tôt. Sauf qu’il y avait entre nous deux une petite vie, tandis que les perséides suivaient nos pas jusqu’à la chambre. »
Mais la naissance rappelle aussi la fragilité et la mort.
Puis vient la séparation « J’étais seule dans une voiture qui avalait la route. Sur la banquette arrière était attaché un siège d’auto vide. Le ciel entrait par la fenêtre et ressortait sans s’arrêter, sans se heurter contre un pleur […]. »
Heureusement l’espoir subsiste. « Croire. Cent fois reprendre et raturer. Écrire. Et croire, tout de même qu’en se posant sur le berceau, la fée a laissé tomber un peu de poussière d’or qui veille aussi sur cette fabrique de mots. […] Dans l’écriture et la vie, seul compte l’espoir. »
Comment avez-vous déjà surmonté l’étape du deuil d’un projet?