Enceinte, je n’en pouvais plus. Ce n’est pas compliqué, j’ai été misérable. Bon, j’exagère (à peine), mais disons que ça n’a pas été mon meilleur temps. J’avais tellement hâte d’accoucher, de voir mon bébé (et mes chevilles). Une fois arrivé, ce petit bébé me rendait tellement heureuse que c’était comme si les derniers 10 mois avaient été là pour quelque chose. Je suis peut-être nounoune, mais je l’ai juste compris après, le maudit « Profites-en! ».
Soudainement, aussi heureuse que j’étais avec mon bébé, je me sentais vide. Je m’ennuyais tellement de cette symbiose que j’avais eue avec elle, que les maudits coups dans les côtes, dans mes souvenirs, étaient devenus comme des pirouettes de papillon… Et, le goût m’est revenu très vite de le retrouver.
Et après sont venues les tétées. Interminables et incessantes. Douloureuses même par moment. Je l’entendais pleurer et une partie de moi voulait juste me sauver et me cacher. Je voulais tellement que ça finisse, mais, une fois installées, c’était tellement spécial, je me perdais dans son regard. Très bittersweet. Cinq mois plus tard, quand la dernière tétée a été donnée, je me suis retrouvée à m’ennuyer de ces petits moments précieux de rapprochement avec elle.
D’être la seule personne qui puisse l’apaiser était passé d’un état étouffant à envoûtant. Je m’en voulais presque de ne pas avoir continué plus longtemps… mais bon, la vie continue et nous avions d’autres étapes importantes à vivre. Mon bébé allait bientôt ramper et j’avais hâte. Il allait aussi gazouiller, manger, parler et éventuellement marcher. J’avais tellement hâte de le voir grandir, s’épanouir devant mes yeux.
Et pourtant, une fois que les changements ont commencé, je m’ennuyais de plus en plus de mon petit bébé. J’ai vite réalisé que le temps que j’avais passé à attendre les changements, je n’avais pas réellement profité du présent. Je voulais tellement qu’elle parle que je n’ai pas profité des gazouillis. Je voulais tellement qu’elle marche, que je n’ai pas profité des premières roulades.
Ma deuxième grossesse a été comme un genre de rédemption pour moi. J’ai tout fait pour rendre justice au « Profites-en! ». J’étais relaxe, je prenais bien le temps de me reposer et surtout, je ne me mettais pas de pression à faire des choses pour les autres. J’ai profité de ma grossesse, de mon accouchement et Papa m’a permis de faire un petit bed-in avec le nouveau bébé, question d’en tirer le maximum et donner le temps à l’allaitement de se placer.
Et vous savez quoi? Même quand j’en ai profité, même quand je me suis arrêtée pour tout bien absorber, même en prenant des photos, même quand je disais « non » pour rester à la maison, même quand je restais immobile avec les mains sur le ventre pour relaxer, j’ai tout de même eu l’impression d’en manquer des bouts. Que tout allait trop vite pour mon petit coeur de maman.
Avoir des enfants, c’est littéralement voir le temps filer devant nos yeux. Pas surprenant qu’on a l’impression que tout va vite et qu’on n’a pas le temps de bien nous imprégner de notre expérience!
Mon aînée aura 4 ans à l’automne, et mon bébé a déjà dépassé le cap des 2 ans. Je me rappelle encore du moment où j’ai fait pipi sur un bout de plastique pour la première fois et je me rappelle des câlins au réveil ce matin, mais parfois, tout ce qui est entre ces deux moments me semble bien flou, déjà très loin.
Photos/Montage : Valerie Poulin
Je tente de profiter de tout, de les regarder grandir, de les encourager dans leurs différences, de lâcher prise; ça va tellement vite! Ce n’est pas toujours facile d’être dans le moment quand on est grand, mais les petits sont toujours un bon rappel!