J’avais 30 ans, bientôt 31. J’étais une femme célibataire, accomplie, avec plusieurs projets en tête. J’étais parvenue à trouver un certain équilibre dans la plupart des sphères de ma vie et j’en étais heureuse. Par contre, l’équilibre si fragile a été ébranlé par une belle journée d’avril, lorsque deux lignes sont apparues sur un test de grossesse.
Tout s’est alors bousculé dans ma tête, mais aussi dans mon cœur. Le rationnel me disait que je ne pouvais pas garder ce bébé, j’étais seule; le père, ou géniteur c’est selon, n’était pas prêt à assumer son rôle. Ce serait difficile financièrement, j’avais mes projets et j’avais MA vie.
Il y avait aussi le côté émotif. Mon cœur me rappelait à quel point il était important pour moi d’avoir des enfants, de connaître la maternité et aussi, j’avais peur de me faire avorter et de vivre les conséquences psychologiques qui viendraient avec cette intervention.
J’ai vécu un mois d’enfer, à me questionner, à avoir les pires symptômes de grossesse et à être incapable de dormir. Je vivais de la pression de mon entourage en ce qui concernait ma décision. Certains m’ont clairement dit que « je ne pouvais pas » garder cet enfant-là. Et puis, un matin, j’ai eu des saignements et je me suis inquiétée pour ce petit être qui s’était implanté dans ma vie. C’est à ce moment que j’ai compris que j’allais devenir maman.
Une grossesse sans papa, c’est d’accepter d’aller aux rendez-vous de suivi et aux échographies sans être accompagnée par lui. C’est aussi avoir un pincement au cœur en regardant les couples heureux qui préparent l’arrivée de leur enfant. C’est être la seule à s’inquiéter pour le développement de son bébé et de vivre tout plein de petits bonheurs sans pouvoir les partager avec le papa.
Avoir un enfant seule, c’est aussi faire le deuil du papa qui parle à ton bedon, c’est de vivre une solitude immense devant les changements qui se produisent et qui se produiront, c’est d’être seule à l’hôpital avec ton bébé et aussi, être le seul parent sur qui ton enfant pourra compter.
MAIS …
Aujourd’hui, j’ai la plus belle petite boule qui soit. Je suis TO-TA-LE-MENT en amour avec elle. J’ai vécu une grossesse atypique avec un papa qui a fait le choix de ne pas s’investir auprès de ma fille. Aussi, j’ai été confronté aux jugements, aux questions et à l’incompréhension de mon entourage et heureusement, aux encouragements de certains gens. Malgré quelques moments plus difficiles, aujourd’hui, ma fille me remplit de bonheur et je ne regrette en rien la décision que j’ai prise. À chaque jour, je la découvre et elle me rend fière d’être une maman, d’être SA maman.
D’autres mamans comme moi dans la salle? Des papas ou des mamans qui sont le seul parent? J’aimerais connaître un brin de vos histoires aussi.