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Le cri du coeur de la belle-mère à boutte.
Crédit: Nathan Congleton/Flickr

J’en peux pu. J’ai pu d’énergie. Vous êtes en train de tout gruger le peu de santé mentale qu’il me reste.

Ça fait des années que je joue au psychologue, des années que je fais le tampon entre toi et elle. J’en peux plus. Je suis fatiguée. Moi aussi je vis des frustrations, moi aussi je suis en crisse. Mais je n’ose pas te le dire, te le montrer, de peur que ça ne rajoute de l’huile sur ton feu.

Je ne peux pas concevoir que je suis la seule d’entre nous qui pense à la p’tite. Toi, tu es trop fâché pour voir clair : d’ailleurs, qui pourrait t’en blâmer? Elle, elle est trop occupée à t’haïr pour se rendre compte que sa fille souffre. Il ne semble n’y avoir que moi qui se souviens que la p’tite est toujours pognée entre vous deux.

Le pire là-dedans, c’est que je le sais que ce n’est pas de ta faute. Toi, tu fais toujours tous les efforts, tous les sacrifices, pour que la p’tite soit correcte, qu’elle souffre le moins possible de votre séparation. Et je sais qu’elle, ELLE, elle ne fait aucun effort. Zéro. Niet. Elle veut t’effacer de sa vie, faire comme si tu n’existais pas. Mais elle est prise avec toi, parce que toi, t’es un gars de parole, un gars d’honneur, pis que tu l’aimes ta fille.

Mais moi, là-dedans, je suis prise. Prise parce que je vous aime tous les deux, toi et la p’tite. Que j’aimerais tellement que vous soyez heureux. Mais on n’y arrive pas, quelqu’un met toujours des bâtons dans nos roues. Prise aussi parce que quand elle te fait chier (ce qui arrive tellement, tellement souvent), quand elle ne s’occupe pas de la p’tite comme on pense qu’elle devrait, quand elle ne retourne jamais tes messages, toi, tu pognes les nerfs. Avec raison. Mais tu as besoin de quelqu’un qui te ramène à l’essentiel : à la p’tite.

Si je ne fais pas ça, si je baisse les bras, j’ai peur que toi aussi tu finisses par la laisser tomber. Parce que ça fait des années que tu te bats dans le vide contre quelqu’un qui n’en veut juste pas de ton aide. Parce que ça fait des années que tu es frustré dans ton rôle de père, diminué dans tes capacités à t’occuper de ta fille.  

Et si tu arrêtes de te battre, parce que je sais que tu es épuisé, qui va se battre pour la p’tite? C’est elle? Ben non, on le sait toi et moi qu’elle ne se battra jamais pour la p’tite : ça demande de l’effort et ça, c’est trop lui demander.

Alors malgré la fatigue. Malgré que ça doit ben faire dix fois que je me dis que cette fois-ci, ça y est, je ne m’en mêle plus, je continue. Je continue parce que je vous aime. Et que vous méritez mieux que ça, la p’tite et toi.
 

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