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Quand l’allaitement devient un conflit cognitif
Crédit: Wendy Wei/Pexels

 

La grande question que je me suis fait poser à maintes reprises : et puis, comment se passe ton allaitement?

Déjà faut-il pouvoir allaiter!

Je pensais que ça fonctionnerait bien en voyant les quelques gouttes de lait sortir de mes seins quelques semaines avant mon accouchement. Mais ça n’a finalement pas vraiment marché. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais avec ma réduction mammaire, il y avait des risques. Il y a plus de dix ans, j’avais pris cette décision en sachant que ça ne fonctionnerait peut-être pas. Et bien voilà, nous y sommes et ça ne marche pas fort fort!

À l’hôpital, avant l’arrivée de bébé, on nous demande ce que l’on souhaite pour son alimentation. Alors nous indiquons que nous souhaiterions qu’il soit allaité.

Après la dizaine d’heures de travail, la péridurale qui n’a pas fonctionné et la césarienne, me voilà de retour dans ma chambre. L’infirmière arrive et m’informe que c’est le temps de mettre bébé au sein, ça fait 4h qu’il est né et il DOIT boire.

Ok, alors on essaie. Je suis à bout de souffle, d’énergie et de pas mal tout! Essayer de mettre un bébé au sein dans ces conditions est loin d’être optimal. Surtout quand on ajoute le peu d’expérience de l’infirmière en charge et sa façon quelque peu insistante à vouloir absolument voir bébé téter.
 

Finalement, ça ne marche pas vraiment et il n’y a pas grand chose qui sort de là non plus. Le choix est pris, nous lui donnons de la préparation en attendant. Pour ne pas briser les chances d’un allaitement réussi, nous lui donnons dans un petit cup, un genre de shooter. PRATIQUE! Tout cela en continuant de le mettre au sein : échec par dessus échec.

Nous passerons ensuite au DAA (dispositif d’aide à l’allaitement) une seringue avec un tuyau à accrocher au doigt que bébé doit téter. PRATIQUE, TAKE 2! Parallèlement à cela, je dois utiliser un tire-lait pour stimuler la montée laiteuse…qui ne viendra jamais vraiment, finalement.

 
Bref, tout un attirail de techniques, de temps, d’énergie et de frustration! Après quelques jours à la maison à tenter le tout pour le tout, on décide de laisser faire le DAA et de passer au biberon!

À ce moment-là j’ai eu un sentiment d’échec : je ne pouvais pas donner ce qu’il y a de
« mieux » à mon bébé! Alors j’ai continué à tirer le peu de lait que je produisais qu’on lui donnait au biberon en plus du lait maternisé. C’était du travail, mais je souhaitais lui donner ce que je pouvais, tant que je pouvais.

Allaiter est de nouveau à « la mode » et c’est vrai que c’est la manière la plus naturelle d’alimenter son bébé, mais ce n’est pas non plus la seule solution. Le problème, c’est surtout la pression sociale qui y est reliée! Même les compagnies de lait maternisé commencent leur baratin de vente avec le fait que le lait maternel est ce qu’il y a de mieux pour notre tout petit!

Me voilà prise avec des seins qui ne produisent pas de lait, les hormones dans le tapis, un bébé qui fait une jaunisse et qui perd du poids et une société qui juge le fait de ne pas allaiter.

Mais qu’à cela ne tienne, je ne me suis pas laissée abattre par cette vague et je suis fière de ce que j’ai pu donner à mon bébé. Et entre vous et moi, avoir une maman en forme et de bonne humeur, c’est bien plus important que n’importe quel lait!

Et puis ma relation avec lui, je la crée chaque jour, chaque instant, sans avoir besoin qu’il soit à mon sein. Sans oublier que papa et la famille ont pu donner à manger à bébé pour leur plus grand bonheur. Après quelques mois, j’étais aussi contente de pouvoir sortir sans avoir à m’inquiéter de s’il allait se nourrir en mon absence.
 

Crédit : Aude Pelote
Émile et son papy maternel

 
20 mois plus tard, je suis très sereine avec la situation, même si mon premier souhait était d’allaiter. Ça fait partie des mille et une choses pour lesquelles j’ai dû lâcher prise et c’est très bien ainsi!

Avez-vous choisi de ne pas allaiter ou vivez-vous bien avec le fait que ça ne fonctionne pas?

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