Je suis très chanceuse. J’ai une santé de fer et, outre quelques microbes de garderie qui font exploser mon budget de Kleenex, je suis rarement malade.
Je me considère privilégiée d’avoir ce métabolisme.
Reste que depuis la fin de mon allaitement, un petit truc m’inquiétait sur mon sein. Un tout petit truc. Rien de grave, sûrement.
La vie étant ce qu’elle est, il me faut plusieurs semaines avant d’avoir un rendez-vous avec un médecin généraliste. Elle regarde mon petit truc.
Elle ne fait pas une belle face.
« Je te recommande à un spécialiste. Appelle le plus vite possible. Bonne chance. »
Bonne chance. Je n’avais jamais eu besoin de « chance » avant.
J’ai chaud. Un cillement remplit mes oreilles et je bafouille. Ce n’est peut-être rien, mais c’est aussi possible que ce soit « quelque chose ». Un quelque chose qui inquiète la médecin. Un quelque chose qui porte le même nom qu’un signe astrologique. Un quelque chose qui commence par « C ». Un quelque chose que je ne peux même pas nommer dans ma tête tellement j’en ai peur.
Je n’en parle à personne. Après tout, rien n’est certain. Je ne voudrais pas inquiéter mes proches pour une peccadille. En parler rendrait l’ombre qui plane sur mes pensées un peu trop concrète.
Je me mets à penser à tous les moments que ma fille vivra, à toutes les étapes de sa vie auxquelles je veux tellement assister. Parce que, dans le doute et l’attente, je me concentre sur le positif, mais j’ai conscience que le pire existe. Je m’imagine ne pas être là pour ma fille à tous ces moments charnières et j’ai mal au coeur.
Je passe des tests, je vois des spécialistes. J’attends les résultats.
« Tout est beau. Ce n’est finalement pas dangereux, ça va bien aller »
Une mini-opération plus tard, rien n’y paraît. Mon coeur s’envole tant il est léger. Je suis tellement contente. J’ai le goût de sauter, de danser partout! Je veux crier sur tous les toits : « Je ne suis pas malade! »
Je pense à toutes les mères qui n’ont pas le même diagnostic que j’ai eu. Je pense à mes amis qui ont perdu un parent beaucoup trop tôt. Je pense aux parents qui aiment leurs enfants plus que tout, tout en sachant qu’ils ne seront qu’une étoile filante dans leurs vies : belle et trop brève.
Avez-vous déjà vécu un stress médical? Est-ce qu’un diagnostic est venu balayer votre vie?