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Grève étudiante : Prendre soin des autres, un travail essentiel qui devrait être reconnu à sa juste valeur
Crédit: Wang Dongzu/Unsplash

Quand je suis devenue mère, j’ai pris conscience de l’importance du care pour le bon fonctionnement de notre société. Tout à coup, je devenais une care-giver, c’est-à-dire que la vie de mon bébé dépendait de tous les soins que moi et mon chum devions lui prodiguer. Nous n’avions pas le choix, notre bébé était, par définition, vulnérable. Et si nous ne pouvions pas nous-mêmes assurer le care, nous devions le déléguer à d’autres personnes (la famille, la gardienne, les éducatrices de garderie, les profs, sa médecin…). 
 
Le « care » (soin, ou sollicitude, en français), ce sont toutes les tâches de soin qui sont essentielles pour assurer la sécurité, la santé et le développement physique et émotionnel de nos enfants, mais aussi de toutes les personnes qui se trouvent en situation de vulnérabilité. Les aîné.e.s, les personnes qui vivent avec la maladie ou celles qui sont blessées, les personnes marginalisées ou qui vivent la pauvreté, les bébés, les enfants et les adolescent.e.s, les personnes dont la santé mentale va so so

Tous ces gens ont besoin d’appui, d’écoute, d’accompagnement, de soins médicaux ou psychologiques, d’éducation, ils ont besoin que quelqu’un.e soit là pour eux et elles. Évidemment, il y a les parents, la famille, les proches aidant.e.s qui prennent en charge certaines tâches de soin, mais il y a aussi une foule de professionnel.le.s dont la job est justement de s’occuper des autres.
 
Pensons par exemple aux éducatrices en garderie, qui s’occupent de nos tout.e.s-petit.e.s pour que nous puissions aller travailler. Ou bien aux enseignantes, qui accompagnent nos enfants dans leurs apprentissages scolaires, stimulent leur développement, se soucient de leur réussite. Pensons aux infirmières et aux infirmières auxiliaires, qui s’occupent tous les jours de personnes malades, blessées, ou plus âgées, pensons aux travailleuses sociales et à ce qu’elles font auprès des personnes marginalisées. Pensons aux sage-femmes! Elles qui nous accompagnent dans la grossesse et l’accouchement et s’assurent que notre expérience soit épanouissante… 

 

Crédit : Aditya Romansa/Unsplash

Je ne nomme que des femmes, parce qu’effectivement, ces professions sont majoritairement pratiquées par des femmes. On a souvent dit, d’ailleurs, qu’elles ont une « vocation » à prendre soin des autres. Et on a utilisé ce prétexte pour ne pas payer à juste prix leur travail. On le sait, les différences de conditions de travail et de salaire entre les emplois à majorité féminine et ceux à majorité masculine sont encore marquées, et ce malgré tous les efforts pour atteindre l’équité. Bref, le travail de care, qu’il soit professionnel ou non (parce qu’il y a aussi tout le travail domestique), a toujours été, historiquement, l’apanage des femmes, et la société patriarcale s’est assuré que ça reste ainsi. La mauvaise rémunération et l’invisibilisation du travail effectué sont parmi ses stratégies de prédilection.    
 
Cette semaine, 50 000 étudiants et étudiantes sont en grève pour demander la rémunération des stages effectués dans le cadre d’études postsecondaires. Les stages sont des moments d’apprentissage où les étudiant.e.s sont amené.e.s à travailler en milieu professionnel pour acquérir des compétences et aptitudes nécessaires à la profession. C’est une situation d’apprentissage, mais aussi une situation de travail : on attend d’elles et d’eux qu’elles et ils effectuent des tâches, qu’elles et ils portent la charge de certains projets, de certains accompagnements, qu’elles et ils contribuent au bon fonctionnement des organismes et entreprises. Les étudiant.e.s travaillent, mais gratuitement.
 
La grève étudiante actuelle demande à ce que le travail effectué par les stagiaires soit reconnu à sa juste valeur : comme du travail, justement, qui mérite rémunération. Le fait d’être en apprentissage ne devrait pas justifier le travail gratuit. 
 
Je les appuie, parce que je sais maintenant dans mes tripes de mère à quel point leur travail est important, à quel point il est exigeant, aussi. Prendre soin des autres, c’est une job absolument essentielle, et les femmes et les hommes qui le font doivent être reconnu.e.s à leur juste valeur. 

Pour plus d’informations sur la mobilisation étudiante, suivez la campagne du CUTE pour le salaire étudiant sur Facebook, Instagram, Twitter et sur le site grevedesstages.info. Les TPLMoms ont aussi signé une lettre d’appui que vous pouvez lire ici.

Pour approfondir la réflexion, je vous conseille aussi le texte La grève des stages est une grève des femmes, d’Amélie Poirier et Camille Tremblay-Fournier, publié il y a quelque temps dans les pages de la merveilleuse revue Françoise Stéréo

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