Retour sur le cas Sarah Stage.

Si le nom ne vous dit rien, l’image de la femme enceinte de huit et neuf mois ayant fait le tour du web il y a deux mois vous rappellera sans doute quelque chose. Les images du mannequin avaient créé une onde de choc du pôle nord au pôle sud. Pourquoi? Car elle n’avait pas l’air enceinte de huit et neuf mois.

Capture d’écran du compte Instagram de Sarah Stage lors de l’annonce officielle de sa grossesse.
Crédit : Sarah Stage/Instagram
 

 

Partout, les gens se sont regroupés par centaine pour clamer haut et fort que ça n’avait aucun sens. Des gens qui, bien souvent, se disaient être contre l’intimidation et qui prônaient la diversité corporelle 365 jours par année, s’étaient pourtant donné le droit de laisser tomber leurs beaux principes cette journée-là. «OMG c’est SÛR que son bébé ne se développe pas à son plein potentiel», «OMG, il faut vraiment être épaisse pour faire passer sa shape avant son bébé» et «Issssssh, moi je n’aurais telllllllllement pas aimé ressembler à ça à huit mois de grossesse. C’pas ça, une vraie femme enceinte» composaient la majorité des commentaires. Ah bon.

 

Et c’est quoi, une vraie femme enceinte?

Je croyais que le modèle unique n’existait pas. Je croyais qu’on se battait justement contre ça à l’année longue. Les gens en parlaient comme si Sarah Stage représentait une nouvelle norme; comme si on disait maintenant aux femmes « Ayez l’air de ça enceintes! » Mais c’est faux. Personne n’a dit ça, personne n’a souhaité nous imposer ça. Je ne sais pas pourquoi on s’est senties persécutées à ce point-là. Parce que c’est ce qui s’est passé. On s’est senties attaquées. Nous avons ressenti une pression. J’imagine qu’elle aurait dû s’empêcher de publier des images de sa grossesse sur Instagram. On le fait toutes, mais elle, elle aurait vraiment dû s’abstenir; elle n’aurait pas dû avoir le droit. On a le droit juste si on a un ventre digne de ce nom.
 
Malgré le fait que je ne sois pas montée aux barricades, je vais avouer avoir été curieuse quant au poids et à la grandeur du bébé. Surprise! Sarah Stage a accouché d’un petit poulet de huit livres, mesurant 22 pouces de long. OMG! Mais où étaient toutes ces femmes qui hurlaient au scandale un mois plus tôt? Elles n’étaient nulle part. Elles se taisaient. Elles n’avaient soudainement plus rien à dire à propos de la mère. L’enfant avait tous ses morceaux et était en parfaite santé.
 

Je trouve toujours ça incroyable de voir à quel point l’acceptation de la différence semble n’aller que d’un côté; à quel point nous pouvons être hypocrites (désolée, mais c’est ça quand même). Nous ne savions rien à propos de cette femme et pourtant, nous nous sommes donné le droit de la juger; nous lui avons imposé des horreurs comme quoi sa shape était plus importante que son bébé. Nous nous sommes donné le droit de croire que son enfant n’était pas assez important pour qu’elle prenne du poids et ce, même si elle avait pris plus de 22 livres durant sa grossesse.

C’est drôle, mais lorsque je consulte mon livre « Votre grossesse au jour le jour », il est indiqué que nous devrions prendre – en théorie – entre 10 et 15 kilos durant notre grossesse. Ça fait pas mal 22 livres, ça! Pourquoi on la pointait du doigt, déjà?
 
Elles n’existent pas, les vraies femmes enceintes. Certaines ont des grossesses super agréables, d’autres moins. Certaines ne prennent pas de poids hormis celui du bébé alors que d’autres, oui. Certaines récupèrent facilement et veulent faire l’amour après deux semaines alors que d’autres, non. Il ne devrait pas y avoir de compétition lorsqu’il s’agit d’une vie qui se développe au creux de  nos entrailles.

Nous sommes toutes différentes et aucune n’est meilleure qu’une autre. Ce serait vraiment agréable si nous cessions de nous pointer du doigt!