Je ne compte plus le nombre de conseils que nous avons reçus, mon mari et moi, depuis que nous sommes parents. La plupart d’entre eux sont judicieux et bienvenus, alors que d’autres nous conviennent moins.
Nous avons reçu notre premier lot de conseils lorsque nous avons eu notre première enfant. Nous nous sentions dépassés devant ce petit être que nous aimions tant, mais qui était inconsolable et insomniaque. Tous les trucs anti-coliques, bien qu’inefficaces, étaient donc fort appréciés. Quelques mois plus tard, nous avons appris qu’elle était atteinte d’un syndrome génétique qui la rendrait lourdement handicapée et qui expliquait ses pleurs incessants et ses troubles du sommeil. À partir de ce moment, nous avons enchaîné les suivis médicaux et nous avons tenté une variété impressionnante de médications. Encore une fois, tout ce que nous tentions était voué à l’échec.
Nous avons donc compris que pour être heureux, nous devions accepter notre situation. Nous devions accepter que les nuits soient beaucoup trop courtes, que l’irritabilité de notre fille persiste et que ses handicaps soient lourds. Lorsque les gens nous prodiguaient 1001 conseils, nous avions parfois l’impression qu’ils allaient à l’encontre de ce processus d’acceptation que nous tentions tant bien que mal d’effectuer. Notre nouvelle vie n’était pas toujours facile, mais nous n’avions pas d’autres choix que de faire de notre mieux et que d’accueillir ce qui était.
Huit jours après le décès subit de notre fille, j’ai accouché de notre deuxième enfant. Il était en parfaite santé, mais il était constamment accroché à mon sein. Puisque j’avais une peur bleue de le perdre dans son sommeil lui aussi, j’ai rapidement débuté le cododo. Évidemment, après quelques mois, j’étais fatiguée.
À nouveau, nous avons cumulé de nombreux conseils et avis. Je devais cesser d’allaiter mon bébé à la demande, mettre un terme au cododo, le laisser pleurer, et j’en passe. Avec un peu de recul, j’ai réalisé que plusieurs d’entre eux ne nous convenaient pas. Ils ne correspondaient pas à nos valeurs, ou du moins à celles que nous avions développées en devenant parents puis en vivant la maladie et la perte de notre enfant.
J’ai alors fait le constat suivant : lorsque nous devenons parents, il est difficile de nommer notre découragement ou notre fatigue sans que les conseils fusent de part et d’autre. Et si nous ne les suivons pas, il est parfois sous-entendu que nous devons cesser de nous plaindre.
Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement vider notre sac de temps à autre, sans être assaillis de recommandations de toutes sortes? Pourquoi ne pouvons-nous pas accepter que certains aspects de la parentalité soient ardus sans toujours tenter de trouver une solution? Il ne s’agit pas de se montrer pessimistes ou résignés et de rejeter tout avis constructif, mais d’accepter qu’être parent ne soit pas toujours facile et exactement comme nous l’aurions imaginé.
Il semble difficile d’écouter un parent épuisé sans lui dire ce qu’il devrait faire pour améliorer son sort (il m’arrive aussi d’agir de la sorte!). Bien qu’elle soit bienveillante, cette réaction ne s’avère pas toujours judicieuse. Peut-être que nous éprouvons de la difficulté à tolérer le désarroi des gens que nous aimons ou à accepter qu’ils aient une vision différente de la nôtre?
Qu’en pensez-vous? Êtes-vous parfois confrontés à des conseils qui ne vous conviennent pas depuis que vous êtes parents?