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À toutes ces mères imparfaites.
Crédit: Vanessa Giguère
Ici et là, je vois des femmes s’affubler de qualificatifs tels que «mère ordinaire» ou « mère imparfaite. » Je les vois tenter de se déculpabiliser de long en large, tantôt dans un statut, tantôt dans un billet, tantôt auprès de leurs amis. « Excuse-moi, je n’ai pas eu le temps de faire le ménage avant que t’arrives! »
 
Pour ma part, je ne suis jamais allée visiter une de mes amies en ayant en tête l’état de son appartement ou de sa maison. Je ne me suis jamais dit « J’espère que ça va être propre et que je vais pouvoir manger par terre. » Je me souviens que ma mère me disait toujours ça quand j’étais plus jeune : « Fais un vrai ménage! Je devrais pouvoir manger une assiette de spaghetti sur ton plancher tellement il est propre! »
 
Qui voudrait manger du spag’ sur un plancher? Sérieusement. On s’en fout de la poussière ou de la vaisselle dans l’évier. Parlant de ma mère, même elle a abdiqué sur le mot perfection. Terminés, les dimanches où sa journée de congé se résumait à faire le lavage, nettoyer la salle de bain, passer l’aspirateur, épousseter et préparer des lunchs pour la semaine. Aujourd’hui, elle relaxe. Elle va lire dehors. Et lorsque je vais la voir, l’état de le maison est bien la dernière chose que je remarque, étant trop occupée à remarquer à quel point je suis bien lorsque je vais visiter ma famille. 
 
Lorsque j’entre dans une maison censée être habitée par des enfants, je trouve ça presque louche lorsque rien ne traîne. Si je veux aller visiter des maisons témoins, j’irai au Centre de l’habitation au Palais des Congrès ou au IKEA de Boucherville.
 
Je connais une autre dame qui avait, elle aussi, abandonné cette image de l’excellence. Pour sa part, ça se résumait maintenant à n’utiliser qu’une épingle à linge au lieu de deux lorsqu’elle étendait ses vêtements sur la corde et à n’équeuter les fèves vertes que d’un côté. Le pire, c’est que ça avait l’air de la soulager pour vrai. La pression qu’on se met pour des détails (souvent) futiles est incroyable!
 
Il n’y a rien de grave non plus à préparer du pâté chinois deux fois dans une semaine ou des tortellinis nappés d’une sauce rosée achetée. Parce que oui, il arrive que le tout fait soit presque aussi bon que le fait maison. C’est arrivé souvent que ma mère nous prépare des tacos Old del Paso en vitesse car elle était arrivée tard du travail. On ne s’est jamais plaint. Au contraire, nous étions heureuses, car nous aimions ça et parfois, c’est tout ce qui compte. D’autres fois, elle prenait le temps de cuisiner et nous étions tout aussi heureuses.
 
Il est aussi possible que tu n’aies pas envie de te lever à 7 h 00 pour aller au cours de natation un dimanche. Il se peut même que tu n’y ailles pas. Que tu te rendormes. Et tu sais quoi? Ce n’est pas grave. Bout de choux perfectionnera son crawl la semaine suivante.
 
Il faut arrêter ça; prendre le temps de respirer. Souvent, nous sommes notre pire ennemie, notre plus grand tyran. Nous allons sur Pinterest ou Instagram en nous extasiant devant les images du salon de l’une et de la cuisine de l’autre, ne sachant pas qu’elles ont fait le ménage 20 secondes avant de prendre la photo. Nous envions une façade sans savoir de quoi à l’air l’intérieur. C’est évident que sur le pas de la porte, la carte postale peut sembler bien belle, mais quand tu entres dans la carte, il se peut que tu remarques que le bleu du ciel coule à l’intérieur.
 
Des mères imparfaites, je n’en connais pas. Par contre, j’en connais qui donnent tout ce qu’elles ont et à défaut d’être clichée, c’est tout ce qui est compte. Pensez-y. Aujourd’hui, qui, à part les mères et les pères, donnent tout ce qu’ils ont (et tout ce qu’ils sont!) à un autre humain qu’eux-mêmes? Personne. 
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