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La p’tite histoire d’une boîte léguée, perdue et retrouvée.
Crédit: Anne Genest

Qu’y avait-il dans la boîte? Cette boîte léguée par maman, avant de mourir, il y a 11 ans de cela, et que je n’étais pas allée chercher chez l’oncle, malgré la promesse.

Quel était donc cet héritage (le seul) légué par ma mère et qu’elle avait pris soin de remettre à son frère, pour moi?
 

Crédit : Ella Gamba Photography

J’étais gênée. Je n’avais pas le courage d’aller déranger cet oncle. Puis, avec le temps, j’ai perdu sa trace. Avait-il déménagé? Où habitait-il? Qu’était donc devenue la boîte léguée par maman? C’était stupide de ma part. J’avais honte. Souvent Tout le temps, j’y pensais. Puis, un jour, dernièrement, j’ai passé au-dessus de mes craintes. Grâce à Facebook, j’ai repris contact avec l’oncle. Je me suis invitée chez lui. 

Ce qui m’attendait.

Il m’a fallu traverser trois heures de trafic pour retrouver ce bout de maman qui patientait ailleurs. J’avais avec moi, pour raviver mon courage, mon bébé que jamais encore je n’avais présenté à maman. 

L’oncle nous attendait dans sa campagne. J’ai vu sur son visage les 11 ans qui nous avaient espacés. Avant d’aller au cimetière, il a tenu à se rendre au sous-sol. Là, se trouvait la boîte que maman m’avait léguée. 

Crédit : Anne Genest
Dans le petit cimetière, il n’y avait qu’une seule fleur, beaucoup de fraises. L’air goûtait l’eau.
Laure se tenait droite. Muette. Sérieuse. Le reste s’est effacé.

 

Il s’agissait d’un carton refermé par du ruban adhésif jauni. J’ai pris la boîte, lourde comme un corps. Et je l’ai mise dans la voiture. Au crépuscule, nous sommes allés à la pierre tombale de maman envahie par les fraises et les petites fleurs.

Ce qu’il y avait à l’intérieur.

De retour à la maison, seulement, j’ai découpé le scotch tape sec. Clac! Puis, j’ai fermé les yeux. Je voulais garder cet instant jugé précieux par ma mère. Si précieux qu’elle l’avait enfermé et confié à cet oncle que je connaissais à peine.

Je voulais lire dans ce que renfermait la boîte comme s’il s’agissait des dernières paroles qu’elle voulait me confier. 

Le plastique du ruban adhésif a claqué. À l’intérieur se trouvaient quatre cartables. Des pages et des pages de lettres et de dessins; ceux de mon enfance et de mon adolescence ont défilé devant mes yeux. 

Crédit : Anne Genest
Mon premier dessin. J’avais 3 ans.

 

Le premier esquisse datait de mes trois ans et représentait ma soeur et moi, nos nombrils, nos mains en soleil.

Plus loin, les journaux que je confectionnais et glissais sous la porte de la chambre de mes parents, tôt, le matin. Plus tard, les lettres rédigées en voyage, à l’époque où j’entamais un métier de journaliste.

Toute ma vie, se trouvait là, inscrite à l’encre, sous pellicules de plastique, afin d’être épargnée par le temps.
 

Crédit : Anne Genest
 

Ce que maman avait voulu me dire, à travers ces papiers soigneusement archivés, c’est que le plus important, avant tout, après tout, est ce qu’on laisse derrière nous. Ce que l’on crée.

Désormais, dans un carton, chez moi, se trouve un pan de ma vie que j’avais oublié et qui m’est revenu. Ce soir, en écrivant, je survole mon histoire d’hier inscrite à l’encre. Un passé qu’aucun défaut informatique ne pourra détruire.

Merci maman.

Votre mère vous a-t-elle déjà légué quelque chose de précieux?

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