Démystifions le Mifegymiso, le nouveau médicament approuvé par Santé Canada pour l’avortement médical.
Véronique Houde Santé Canada a annoncé ces derniers jours avoir approuvé un médicament qui donnera aux femmes qui le désirent une nouvelle alternative d’interruption volontaire d’une grossesse précoce. Le médicament sera commercialisé sous le nom de Mifegymiso. Il s’agit d’une combinaison de mifépristone (aussi appelé RU-486) et de misoprostol. L’avortement médical est déjà pratiqué au Canada, mais les molécules autorisées à ce jour sont moins efficaces.
D’abord une petite mise au point : le Mifegymiso diffère de la pilule du lendemain. L’utilité de cette dernière est de prévenir une grossesse et non de l’interrompre.
La progestérone est une hormone essentielle au maintien de la grossesse, puisqu’elle rend la paroi de l’utérus accueillante pour l’embryon. Elle est sécrétée par le corps jaune dans les ovaires et plus tard, par le placenta. Lorsqu’elle est libérée dans l’organisme, la progestérone doit rencontrer son récepteur dans une cellule cible pour agir. Une fois lié, le duo progestérone-récepteur migre vers le noyau de la cellule ou se trouve l’ADN et induit la transcription de gènes.
On peut faire une analogie avec une clé et une serrure. La clé (la progestérone) ne peut entrer que dans sa serrure (le récepteur) et permettre ainsi l’ouverture de la porte (action des gènes). Une clé presque identique insérée volontairement dans la serrure (le mifépristone) empêche la bonne clé d’accéder à la serrure et d’ouvrir la porte. Lors de l’administration de mifépristone, la paroi utérine est incapable d’assurer la survie de l’embryon. Si le mifépristone cause l’arrêt de la grossesse, le misoprostol est une prostaglandine synthétique qui provoque la dilatation du col de l’utérus et les contractions utérines nécessaires à l’expulsion de l’embryon.
Le mifépristone et le misoprostol sont administrés de façon séquentielle : 200 mg de mifépristone par voie orale suivi de 0,8 mg de misoprostol par voie sublinguale de 24 à 48 heures plus tard. Prescrite par un médecin, cette combinaison doit être prise avant 49 jours d’aménorrhée (comptabilisés à partir du jour 1 d’un cycle menstruel de 28 jours). Une interruption de grossesse se produit dans 95,2% à 98% des cas. Les saignements durent en moyenne 10 jours dont 2 de saignements intenses. Des femmes rapportent le plus fréquemment souffrir de douleurs et de crampes qui ont nécessité la prise de médicaments contre la douleur.
Le mifépristone est une molécule faisant partie de la liste de médicaments essentiels de l’Organisation Mondiale de la Santé. Des dizaines de pays l’ont approuvé, dont certains depuis la fin des années 1980. L’avortement est permis au Canada sans restriction depuis 1988 et Santé Canada donne désormais aux femmes un choix supplémentaire à ceux déjà disponibles (méthodes chirurgicales et médicales). #MonCorpsMonChoix
Sources :
Tortora GJ, Derrickson B. Principes d’anatomie et de physiologie. 2e édition, Éditions du Renouveau Pédagogique, 2007.
Santé Canada
Organisation Mondiale de la Santé
Avortementaucanada.ca