La semaine dernière, j’ai vu passé ce que j’ai affectueusement appelé le Bugaboo fake gate, sur les Internets. En résumé, une maman a eu le culot de faire son poussette-jogging en bikini.
*AVERTISSEMENT : LA PHOTO QUI SUIT REPRÉSENTE UNE FEMME.*
Ymre Stiekema est une mannequin de 23 ans. En bikini avec un bébé. Elle répond à tous les critères de beauté de notre société (c’est sa job!) et c’est ça qui dérange. En gros, cette fille ne devrait pas être montrée parce qu’elle n’est pas assez « mère ». Selon certains, elle ne représente pas un vrai
« modèle de la maternité ». Wut? Les mères, ça vient dans toutes les shapes, celle-là comprise. Elles viennent en différentes tailles, poids et couleur. Certaines d’entre elles ont même des pénis.
Selon d’autres, Bugaboo manque de respect à ses clientes qui ne se sentent pas représentées par cette photo. Que le marché visé ne serait pas les mères ordinaires, mais bien les mères athlétiques. Double wut? Cette photo représente une poussette de jogging avec une jolie maman joggeuse qui passe du temps avec son enfant. Irrespectueux, vraiment? Je possède une Bugaboo et je suis loin de ressembler à Ymre. Je confirme qu’en voyant cette photo, je n’ai pas eu le sentiment d’imposteur post-Bugaboo. Je n’ai pas non plus fondu en larmes en me disant que je n’en étais pas digne. Je me suis plutôt dit : « Whoa, elle a le temps de faire du jogging?», « Oooouch, ses cuisses doivent frotter en bikini. »
Une maman qui va perdre son « poids de grossesse rapidement » va se faire reprocher de mettre de la pression aux autres et de ne pas projeter une image de « vraie mère ». Elle va se faire jalouser (voir slut-shamer) par les autres mères. Ou encore se faire féliciter de « se prendre en main », alors qu’elle vit peut-être une dépression post-partum qui la fait maigrir sans le vouloir, que peut-être, cette perte de poids indique qu’elle n’est pas heureuse. Peut-être aussi qu’elle a un bon métabolisme ou qu’elle attendait impatiemment le go de son médecin pour aller courir un marathon, qui sait?
Une maman qui n’entre plus dans ses vieux jeans va se faire reprocher de se laisser aller. Mais aller où? Dans un monde où donner la vie ne prend pas 9 mois de gestation et où les bébés sortent des choux au lieu des vagins? Peut-être qu’elle lutte contre des problèmes d’estime qu’on ne soupçonne même pas et que les commentaires sur SON corps la détruisent à petit feu. Peut-être aussi que cette mère n’a ni le temps ni l’envie de modifier son corps pour correspondre aux standards imposés par une société où même les filles sur les photos ne se reconnaissent pas.
Alors on fait quoi? Est-ce qu’on peut vivre et laisser vivre? Parce que quand on se concentre à détester notre voisine pour son corps, on passe moins de temps à s’aimer soi-même. Parce qu’avec cette attitude et cette facilité à toujours pointer l’autre du doigt, on est toutes perdantes d’avance.
Parce que mon corps, c’est mon corps et que je n’accepte pas que quelqu’un le critique. Comme je n’accepte pas quand on le fasse avec celui d’Ymre ou le vôtre.
Qu’en pensez-vous?