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Lettre aux mamans alitées.
Crédit: Annie-Pier Couture

Chère future maman,
 
Toi qui me lis installée confortablement dans ton sofa ou dans un lit. En direct de la maison ou bien de ta chambre d’hôpital. Tu ne te reposes pas par simple plaisir, mais bien parce que tu n’as d’autres choix. Parce que ta santé l’exige, mais surtout, parce que c’est la seule façon de mener ta grossesse le plus à terme possible. J’aimerais que tu saches que je pense à toi.
 
Il y a un an jour pour jour, j’étais dans le même bateau que toi. Je me présentais à l’hôpital pour mon rendez-vous hebdomadaire. Il fallait suivre de près ce foutu diabète gestationnel sous insuline. J’allais donc faire mon test de réactivité fœtale et je retournerais à la maison comme à l’habitude.
 
J’avais bien un mal de tête depuis la veille qui tardait à partir, une douleur en barre à l’estomac et les jambes un peu enflées, mais ça partirait non?
 
Non, justement.
 
Une prise de tension artérielle qui confirme que je dépasse largement la limite acceptable. L’infirmière me fait voir rapidement la gynécologue-obstétricienne de garde. Le verdict tombe : prééclampsie symptomatique en installation. Considérant les deux opérations subies durant ma grossesse, pas question de courir de risques, on m’hospitalise.
 
Me voilà alitée bien malgré moi. Mon côté rationnel comprend le pourquoi de cette décision, mais mon moral en prend pour son rhume. Me voilà de retour dans ce lit articulé à regarder des murs beiges déprimants et à subir la canicule sans air climatisé. Au secours!

 De jolies fleurs pour rendre la vue de ma chambre plus joyeuse.
Crédit : Annie-Pier Couture

 

Après quelques heures d’apitoiement, je me recentre sur l’essentiel : prendre soin de ce petit amour que j’ai si hâte de connaître. Je me laisse donc bercer par le brouhaha du département de maternité. J’écoute les pleurs du nouveau-né qui se trouve derrière le rideau qui nous sépare. C’est un son doux-amer à mes oreilles. Bientôt ce sera mon tour.
 
Les jours passent, mais pas la douleur. On essaie tant bien que mal de me soulager, mais rien n’y fait. Le seul traitement serait d’accoucher, mais je dois encore patienter et ce, pour que mon petit loup prenne encore des forces avant la sortie.
 
Puis, il y a ce matin. Ce matin où, subitement, sans avertissement, je perds connaissance. Ma pression est plus basse que celle d’un nouveau-né. Mon corps refuse de bouger, mais j’entends toujours. On me pince, on crie : « Annie-Pier, reviens parmi nous, reviens. Elle n’est plus là on s’en va au bloc obstétrical d’urgence. »
 
Ça prendra vingt minutes avant que je revienne à moi. J’ai évité la césarienne de peu. Mon petit homme, cette force de la nature, est toujours là, vigoureux. Nous sommes sains et saufs grâce à nos anges gardiens à l’affût, les infirmières.
 
Deux jours plus tard, une gentille médecin est venue m’annoncer qu’il était temps de me déclencher. On en avait assez exigé de mon corps. À ce moment, j’ai réellement compris pourquoi on parlait d’un accouchement comme d’une délivrance. La cloche sonnait enfin la fin de mes complications de grossesse.


La journée avant la « délivrance ».
Crédit : Annie-Pier Couture

 
Alors à toi, chère maman qui vit ce par quoi je suis passée, sache que, un an plus tard, je suis plus en forme que jamais et j’ai un magnifique petit garçon en santé qui soufflera sa première bougie dans quelques jours. 
 
Je te promets que dès qu’on mettra ton bébé dans tes bras, tu tourneras ton regard vers demain et tu te diras que toute cette souffrance et cette angoisse en valaient largement la peine.
 
Courage et reposes-toi bien.
 
Qu’est-ce qui vous a le plus aidé lorsque vous étiez alitées et qui encouragerait celles qui doivent passer par là?

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