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Famille différente, mais équitable?

À l’adolescence, j’étais persuadée d’avoir les pires parents du monde, comme la majorité des adolescents. Ils étaient trop très sévères et moi, j’avais une vie à vivre. Je connaissais ça la vie d’abord. Quoi qu’il en soit, je m’étais promis d’aller à l’opposé de leurs techniques parentales… Et j’ai eu des enfants.

J’ai perdu mes repères en réalisant que mes belles théories, ainsi que la mère que je m’étais bâtie dans ma tête, étaient irréalistes sur le terrain. Je réalisais au passage que mes parents avaient fait une pas pire job. En fait, je les trouvais vraiment hot! Mes parents ont accompli un exploit que j’admire beaucoup : ils ont été justes envers ma sœur et moi.

J’ai une belle relation avec ma sœur cadette. Je suis persuadée que le fait que mes parents aient été équitables a contribué a ce qu’il naisse, entre nous, une complicité et non une rivalité. Nous avons eu des conflits, comme toutes les sœurs, mais des rivalités, non. Sauf pour qui-aurait-la-salle-bain-en-première à l’adolescence. 

J’ai réalisé la chance que nous avions d’être égales aux yeux de nos parents, le jour où j’ai vu une personne de mon entourage souffrir du favoritisme de sa mère. Les impacts avaient été considérables durant l’enfance, l’adolescence et même à l’âge adulte, il y avait encore des traces de ce rejet. De voir cette blessure, qui se transformait souvent en frustration de toutes sortes, m’a fait peur.

Étais-je en mesure d’être juste? Mon cœur me disait oui, car j’aime tout autant Ariane, Justin et Livia. Par contre, mon aînée étant autiste, elle demande une attention qui n’est pas une nécessité pour mes deux plus jeunes. Avec les années, allaient-ils comprendre? Serais-je perçue comme une mère injuste?

Je savais que je ne donnerais jamais autant d’attention à mes deux plus jeunes, que j’en ai donné a mon aînée. Ni d’argent, car l’autisme coûte cher quand tu dois te tourner vers le privé pour l’investigation et maximiser le développement de ton enfant différent. J’avais tant investi sur ma plus vieille. Mon énergie et mon temps seraient perçus de quelle façon par mes deux autres enfants?

J’ai finalement compris que c’est en les impliquant dans les apprentissages d’Ariane qu’ils se sentaient moins à part. Si ces apprentissages sont déjà acquis pour Justin, il agit tel mon assistant. Une responsabilité qui est pour lui un jeu et non une obligation. Il aime se faire dire qu’il est grand et qu’il est d’une grande aide pour moi.

Quant à Livia, même si elle est beaucoup plus jeune, elle apprend plus rapidement qu’Ariane. Cela ne meurtrit plus mon cœur puisqu’il y a un moment déjà que j’ai accepté la différence de mon aînée. Ces moments avec mes enfants, remplis de fous rires, de câlins et d’apprentissages remplissent mon cœur et le leur.

C’est en agissant de la sorte, et en voyant le sourire de mes enfants, que j’ai compris que l’équité ne passe pas systématiquement par le temps ou l’énergie mis sur un enfant. Être juste est surtout dans notre attitude à leur endroit. Ariane demande davantage d’implication de ma part, mais le fait d’impliquer quotidiennement mes deux plus jeunes et de prendre du temps chaque soir, avec chacun d’eux, pour la berceuse et les histoires, bâtira, je l’espère, des souvenirs d’une maman équitable malgré qu’ils grandissent dans une famille différente.

Vous sentez-vous coupable par moment? Avez-vous peur de ne pas être équitable envers vos enfants? Avez-vous senti le favoritisme de l’un de vos parents?
 

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