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Ma prison de verre – Deuxième partie
Crédit: imgarcade.com
Partie 1

J’ai manqué mon deuxième rendez-vous avec Beyoncé (Ok, cette phrase sonnait TROP cool). Pas parce que j’étais hungover. Juste parce que j’ai passé tout droit. Je l’ai appelée pour lui donner mon fameux total de la première semaine. Nous avons compris que je buvais vraiment trop. Tout le monde me suit? SOLIDE!

C’est là que les obstacles se sont accumulés. En fait, les obstacles ont toujours été là. Je les ai simplement découverts en décidant de les affronter.

Premier obstacle : m’apercevoir qu’une déception aussi simple que de manquer un rendez-vous avec Beyoncé, c’est une situation à risque. J’ai bu toute la semaine, comme si je n’avais jamais entendu parler d’Alcochoix+. Cette semaine-là, je devais m’abstenir de boire pendant un jour. J’ai échoué.

Troisième semaine. B (Oui oui. Nous sommes si proches que je l’appelle « B ») m’a remis deux brochures. Une du CRDM IU, l’autre, de Foster. Le CRDM IU est situé à plus d’une heure de chez-moi (en transport en commun. Parce que NON, j’ai pas de permis de conduire. Pour plein de raisons, dont une qui est très évidente pour vous et moi.), tandis qu’il ne me faut que cinq minutes de marche pour me rendre à Foster. Beyoncé m’a suggéré de prendre rendez-vous pour une évaluation à Foster, malgré la méga liste d’attente.

« Tu peux quand même t’y rendre chaque mardi midi (tapant), pour prendre la place d’une personne qui ne s’est pas présentée. Si tu savais le nombre de no show qu’il y a… »

Elle ne s’attendait pas à ce que j’y aille. Ni à ce que j’appelle pour un rendez-vous.

DANS TA FACE, B.

J’ai appelé, genre une heure après la fin de notre rencontre. Pis j’ai obtenu une place. Le 18 novembre 2015 (la fête de ma mère en plus, toé chose!). Ce n’était pas assez tôt à mon goût, fait que je me suis présenté le mardi suivant. Et j’ai eu une place. Et j’ai fait face à un autre obstacle : le non-respect d’une de mes valeurs fondamentales.

Ma grand-mère était anglophone. Elle parlait parfaitement le français, mais elle « nous a coulé » un beau (et essentiel, et APPRÉCIÉ) bain linguistique. Je suis parfaitement bilingue. J’utilise souvent des anglicismes. Mais TABARNAC’, j’pourrai JAMAIS accepter qu’on refuse de me servir, de me traiter dans ma langue. ON’TOKÉBEKISSITTE!!!

Malgré leur belle brochure bilingue, Foster n’offre pas ses services en français. La dame au bout du fil semblait presque heureuse de le me dire. La préposée à l’accueil qui m’a regardée avec exaspération lorsque je lui ai demandé un formulaire en français me l’a également fait comprendre. L’intervenante qui ne faisait aucun effort pour parler la langue officielle du Québec alors je me vidais le coeur a été le coup de grâce pour moi.

Beyoncé est anglophone, mais elle refuse de me parler en anglais, même si je lui offre lorsqu’elle cherche ses mots. Elle me respecte. Elle veut tout faire pour me rendre à l’aise alors que je cherche de l’aide pour mon si délicat problème, ELLE.

J’habite dans le seul district exclusivement anglophone des Alcooliques Anonymes. Dans un quartier montréalais, situé dans LA PROVINCE DE QUÉBEC. J’peux pas croire que les unilingues francophones de mon quartier n’ont pas accès à de l’aide. J’peux pas croire.

J’ai passé trois heures au centre Foster. Deux à remplir des questionnaires d’évaluation, une à tirer des conclusions avec une intervenante. Je ne me sentais pas bien en sortant. Pas rassurée. J’ai quitté avec une impression de case départ. Mon téléphone a sonné alors que je marchais vers chez-moi. C’était Beyoncé.

Elle n’en revenait pas que je sois allée à Foster aussi tôt. Elle était fière. Mais elle sentait mon malaise. Nous avons pris rendez-vous, malgré le fait que selon le système, elle ne devait plus me rencontrer.

Elle n’allait pas me laisser tomber.

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