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Les filles, ça conduit pas les tracteurs  OU comment changer les perceptions, un geste à la fois.
Crédit: Christine Porlier

On a une petite fermette chez nous. Il y a tout le temps du travail à faire. Mon chum et moi, on s’est partagé les tâches selon nos aptitudes et goûts respectifs. Ça fonctionne bien. Sauf que je me suis rendu compte que ça avait un impact sur les perceptions de mes enfants.
 
C’est pas moi qui possède les muscles dans la famille. Et les gros travaux physiques, ça m’intéresse pas. Naturellement, mon chum a pris la responsabilité des travaux extérieurs et je me concentre plus sur ce qu’on doit faire dans la maison. Ça revient à la distribution traditionnelle des tâches. Mon chum fait pourtant la cuisine et lave la salle de bain, mais on dirait que ça frappe moins l’imaginaire des enfants!
 
Récemment, ma fille de six ans m’a envoyé ça au visage : « les filles, ça conduit pas les tracteurs. » Je crois même qu’elle a dit que les filles « n’étaient pas capables » de conduire les tracteurs. J’en croyais pas mes oreilles. Je me demandais où elle avait entendu ça quand j’ai pensé que c’était peut-être moi la responsable, inconsciemment. Je suis pas trop du genre moteur. J’ai même toujours refusé de monter sur la bête en question, qui est pourtant un élément incontournable dans la cour pour mes enfants (et pour leur père).
 
Mais là, mon orgueil avait été touché. Deux secondes plus tard, j’étais assise au volant. J’ai posé deux ou trois questions (avancer, reculer, arrêter) et je suis partie faire une balade. L’honneur des filles était sauf.
 
Ça m’a fait me questionner sur la division des tâches. Et, plus globalement, sur la portée que mes gestes pouvaient avoir sur la perception que ma fille (et sa sœur) aurait d’elle-même. Au-delà de ce que je dis ou explique, il y a ce que je projette en tant que femme. Et puis, pas question que je projette une image de femme qui montre des « incapacités » liées au genre.
 
Voilà donc un autre défi de parent : me dépasser. Même en tant que non-parent. Continuer d’apprendre, et aller plus loin que mes champs d’intérêt. Parfois. Pas trop quand même. Je vais pas me mettre à faire de la lutte juste pour dire que je suis capable.

 
Je les trouve super cool les lutteuses. Mais c’est pas mon genre à moi.
Crédit  Wapster/
Flickr

C’est un peu angoissant quand même d’être un modèle. Quand on prend conscience à quel point les enfants apprennent en nous imitant, ça nous fait poser un regard critique sur tout. Et personne n’est parfait.
 
L’important maintenant, ça sera de montrer à mes enfants – filles et fils – que les possibilités sont là, devant eux. Ce sera à eux de décider dans quoi ils embarquent, selon leurs aptitudes et goûts. Pas d’après des modèles imposés, ou inconsciemment proposés!
 
Est-ce que vous sentez que vos filles pourraient se sentir limitées dans certaines sphères d’activités, même dans le Québec d’aujourd’hui? 

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