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Vivre sa maternité sans sa maman, pas toujours évident.
Crédit: Cynthia Chartier
J’étais enceinte du Grand. Tu étais là, maman. Tu étais heureuse. Moi aussi. Pas longtemps avant, tu avais peur de ne pas avoir le temps d’être grand-maman. Nous avons profité de la grossesse pour passer beaucoup de temps ensemble.

Quand j’étais inquiète, tu m’as assurée que je pouvais vivre mon accouchement comme je le voulais, en maison de naissances.

Quand le Grand est arrivé, tu n’as pas perdu une seconde pour venir à nos côtés et ensuite nous ramener pour que l’amoureux, le nouveau venu et moi puissions nous reposer.
 


Le sourire et la main qui câline, ça dit tout.
Crédit : Cynthia Chartier

 
Les premières semaines, tu m’as encouragée. En septembre, tu es venue chouchouter le Grand pour que j’aille à l’université. Je partais l’esprit tranquille. Mon fils ne pouvait se trouver en meilleure compagnie.

Décembre. Comme souvent les dernières années, l’hiver se faisait dur et long pour toi. Nous ne nous doutions pas encore à quel point. Nous avons passé un Noël doux, rempli d’amour et de rires. Je revois encore le Grand (pas si grand encore) rigoler avec toi sur le plancher du salon.

Janvier. La pente est difficile à remonter. Tu te sens bien fatiguée. Tu célèbres quand même tes 50 ans avec le sourire.


Toujours si forte.
Crédit : Cynthia Chartier

Février. Nous apprenons qu’il n’y aura pas de fin heureuse à ce maudit cancer qui te charcute depuis 9 ans. Quelques semaines plus tard, à travers toutes ces émotions mélangées, tu devines que le Petit a élu domicile dans mon ventre et tu t’en réjouis.

En deux courts mois, tu es partie. Tu as tellement souffert à la fin, je ne pouvais que souhaiter ta délivrance. Cet été-là, mon ventre s’est arrondi pendant que je me sentais évoluer dans un monde parallèle, sans trop de contacts avec la réalité. Par chance, l’amoureux était là pour garder le cap.

Puis, j’ai appris que, même en ton absence, j’arrivais à m’inspirer de ton immense force pour donner le meilleur à mes enfants. J’aurais tant voulu que tu sois là quand j’ai cru que je n’allais jamais pouvoir m’occuper de deux bouts de vie en même temps. Que tu me rappelles que c’était faisable puisque tu l’avais fait aussi.

Mes pensées vont vers toi quand la vie est essoufflante. Ou douloureusement belle.
Crédit : Cynthia Chartier

Et la vie continue. Un jour à la fois. Comme toi, je me ramène à trouver le beau dans tous les petits moments.

Certaines roulent parfois des yeux en se rendant compte qu’elles ressemblent à leur mère en vieillissant. Pas moi. Quand je déconne et rigole avec mes fils comme tu le faisais avec nous, c’est doux-amer à l’intérieur de moi. Je suis fière d’avoir dans mon sang l’héritage que tu m’as transmis.

Mais tu me manques si souvent. J’aurais tellement voulu que tu connaisses aussi le Petit, dont le prénom me fait penser à toi chaque fois que je le prononce.

Est-ce que vous sentez l’influence de vos parents dans votre façon d’être avec vos enfants? Dans votre relation avec eux? 
 

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