L’intervenante de Foster m’a suggéré un traitement à l’interne. Vingt-huit jours, congé la fin de semaine ou dix jours intensifs. C’est bien beau, tout ça, mais mon chum travaille tellement… ajoutez deux enfants et c’est lui qui aurait besoin d’être interné. Oui, ça aurait pu se faire, oui, la famille aurait aidé. Mais ça effrayait vraiment mon amoureux. J’ai tellement la tête dure que si j’avais vraiment voulu y aller, j’y serais allée. Je voulais, mais… je ne veux pas être abstinente. J’ai beaucoup de mal à accepter le concept de l’abstinence supposément nécessaire à la «rémission» des alcooliques.
Je veux être capable de boire un peu à l’occasion, moi aussi.
Bien sûr, j’aurais aimé que mon chum me dise, sans hésiter, qu’il allait s’arranger avec les enfants. Que je pouvais y aller. Une partie de moi était très en colère contre lui. Mais j’ai utilisé cette colère, cet obstacle. Je sais que mon conjoint n’est pas de mauvaise foi. Et en ce moment, je me retiens vraiment fort pour ne pas faire une joke plate de mauvais foie; t’sais, parce que je parle d’alcoolisme et que je viens d’écrire mauvaise foi, alors ben… ok, focus, Marie-Ève.
Je me suis inscrite au groupe de soutien de Foster, même si l’idée de m’asseoir dans un cercle pour partager mon expérience, échanger et être émotive avec des inconnus anglophones me levait le coeur. Je préfère me mettre à nu et être émotive à ma manière: en rédigeant des articles, dans l’intimité de ma demeure pour quelques milliers de lecteurs et lectrices.
J’ai manqué ma première rencontre de groupe, car il y a eu un fuck dans notre horaire et j’ai dû déposer les enfants à la garderie.
Je me suis sentie cheap. Me sentir cheap, c’est une situation à risque. Mais cette fois, je n’allais pas flancher devant l’obstacle. C’est à ce moment précis que ma vie a changé.
Je me suis mise à frapper les murs de ma prison de verre.