Bon, je l’avoue, je vous ai un peu menti… La course ne m’a pas complètement guérie de mes deux accouchements de marde. Ça va de mieux en mieux quand j’y pense, quand j’en parle. Mais j’ai encore le motton, un peu.
Minou pis moi nous sommes lancés dans la parentalité avec la foi aussi solide qu’un utérus contracté.
Il me dit : « On veut des enfants tous les deux, on n’est pas vraiment prêts, mais on ne sera jamais vraiment prêts, non? » Sur ce bel élan d’optimisme, en terminant mon bacc en Argentine, avec pas d’job ni l’un ni l’autre, j’arrête la pilule.
Dans ma tête, l’accouchement, c’était aussi simple (juste un peu plus douloureux) qu’arrêter la pilule. Ça peut faire mal, ça peut déchirer, ça peut sentir la marde, mais je suis forte et les femmes accouchent depuis que le monde est monde, right? Moi, j’allais accoucher à la maison avec mon chum qui me fait des points Bonapace, d’la musique new age pis Claudia, la plus meilleure sage-femme du monde, allait me calmer le pompon pis me ramener les deux pieds sur terre quand je m’énerverais.
Jusqu’au bout, j’y ai cru… Que ma p’tite allait mettre sa tête par en bas. Que malgré la présentation par le siège, j’allais la sortir par où elle était entrée. Que malgré son retard de croissance, tout allait bien, right?
Puis, je me suis résignée (pas vraiment) à la césarienne… Fini l’accouchement à la maison et le peau à peau dès la naissance de la crevette. Et j’ai continué d’y croire… Que c’était normal de perdre connaissance en allant aux toilettes, right? Qu’avec une p’tite transfusion,
tout allait rentrer dans l’ordre?
La nuit où j’ai dit à mon chum que je n’avais pas la force d’allaiter notre bébé de 17 jours, j’ai un peu cessé d’y croire. J’ai un peu cessé d’y croire aussi quand j’ai parlé à ma belle-soeur (qui est gynécologue en plus d’être belle-soeur) le lendemain matin et qu’elle m’a dit qu’elle pourrait me prescrire un antibio par téléphone. Mais que ça serait plus prudent que je retourne à l’hôpital, au cas où…
Mon chum a pris la relève pour nourrir notre fille et alimenter la foi… Il a cru que tout allait bien quand il se promenait dans les couloirs de l’hôpital avec un bébé dans les bras, allant d’un service à l’autre. « Vous avez mis Maude en hypothermie, mais tout va bien, right? Maude est rendue aux soins intensifs, mais tout va bien, right? » C’est d’ailleurs ce qu’il a dit à tout le monde, « Tout va bien aller.»
Quand le doc m’a dit, 4 jours plus tard, que j’avais failli en mourir de ma septicémie, j’ai pensé :
« B’en voyons, elle capote! » C’est en revenant chez nous que j’ai réalisé tout ce qui venait de se passer. J’ai braillé ma vie. Pis je braille encore des fois…
Je ne pleurais pas parce que j’avais eu peur de mourir, je pleurais parce que je n’avais plus le droit de mourir. Parce que je veux la voir grandir, rire, pleurer, devenir une femme, cette petite chose d’à peine plus que 2 kilos. Parce qu’en devenant mère, je n’ai plus le droit de ne plus être là.
Je n’aurai jamais assez d’une vie pour remercier ma belle-soeur, qui, en plus d’être belle-soeur, est gynécologue et sauve des vies.