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Le B.A.B.I. et les jugements qui viennent avec.
Crédit: Nadia Lévesque

Jamais je n’ai cru qu’un livre pouvait marquer une personne à ce point. J’aurais préféré ne jamais savoir qu’un cadeau pouvait faire aussi mal.

Ça n’allait pas. Je ne comprenais pas. Je me sentais dépassée par ce bébé hypersensible qui sursautait au moindre bruit, au moindre câlin spontané. Ma fille était anxieuse, constamment dans mes bras, par besoin et non par choix. J’aurais tant souhaité que le terme B.A.B.I. soit d’actualité il y a six ans.

Malheureusement, c’est moi que l’on pointait du doigt. En fait, vous n’étiez pas si nombreux, mais les bons commentaires ne faisaient pas le poids. Principalement contre toi. Tu étais si insistante qu’il était difficile de percevoir les bons mots et les encouragements à travers tes accusations.

« Tu n’as pas créé un bon lien d’attachement avec ta fille! C’est pour ça qu’elle est insécure et qu’elle pleure constamment! »

« Ta fille ressent ton stress! C’est pour ça qu’elle ne se sent pas en confiance et qu’elle pleure même dans tes bras. »

« Tu as dû faire une dépression post-partum! Ta fille s’est sentie rejetée et elle s’est retirée dans sa bulle. Ne te demande pas pourquoi tu penses qu’elle est autiste! »

Ce sont ces quelques phrases qui me reviennent en mémoire lorsque ton nom est prononcé. Il y en a tant d’autres. J’ai enduré si longtemps tes accusations. J’ai enduré si longtemps ton mépris. J’ai pris de grandes respirations et j’ai ravalé mes larmes jusqu’à ce que tu me remettes ce cadeau. Ce fut la goutte de trop! La confirmation que tu t’amusais drôlement de la situation. Que tu jubilais de notre malheur.

Un livre datant des années 70 : voilà ce que tu m’as offert! C’est à ce moment que j’ai compris tout le mépris que tu avais pour moi. Tu me remettais le livre du premier pédiatre, Dr Spock, qui avait changé les mentalités au sujet de l’éducation des enfants. Celui qui a poussé les parents à voir les enfants comme des êtres humains à part entière qu’ils devaient cajoler et aimer avant d’être disciplinés.

Ma fille n’a jamais manqué de chaleur parentale. Ni de ma part, ni de la part de son père. Ma fille a ressenti mes moments de découragement, mais mon amour également. J’ai su créer un lien d’attachement si important avec elle que ses yeux sont remplis d’amour lorsque je la borde le soir. Elle me fait même cadeau d’un « je t’aime maman » à l’occasion.

La dépression post-partum n’a jamais causé l’autisme. Ce sont les exigences et le besoin d’adaptation, pour maximiser le bien-être et le potentiel de ces enfants, qui causent l’épuisement des parents, et non le contraire.

J’espère un jour écrire que je t’ai pardonné. J’espère qu’un jour, je pourrai prononcer ton nom sans frissonner. J’espère qu’un jour, je n’aurai plus en mémoire ton regard et ton sourire mesquin au moment où tu m’as remis ce bouquin. J’espère qu’un jour tu réaliseras le mal que tu as fait, ces moments que tu as brisés, mais surtout la chance que notre fille a eue, que tu aies trouvé chaussure à ton pied.

Avez-vous souffert des jugements en tant que parent? Êtes-vous capable de tenir tête à votre entourage quand vient un jugement?

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