Avant d’avoir des enfants, j’étais insouciante et aventurière. Je roulais sans casque, je faisais du pouce en Patagonie, mais surtout, j’étais vite. Dans ma tête, un feu roulant. Je pouvais traiter efficacement l’information de façon objective, j’avais du vocabulaire, je n’oubliais rien.
Mais ça, c’était avant. Avant la maternité et surtout avant la « mamnésie », le fameux mommy brain. Un mélange de distraction, de perte de mémoire et d’acuité intellectuelle associée au fait d’être enceinte ou mère d’un jeune enfant. Ça peut aussi donner envie de regarder des vidéos de chatons, de pleurer au bulletin de nouvelles ou de préparer assez de collations et de couches pour deux jours avant d’aller jouer au parc.
Des chercheurs ont même étudié la question. Parce que c’est un fait, le cerveau de la future/nouvelle mère connaît d’importantes modifications, notamment entraînées par les incroyables variations hormonales. Et, bien sûr, par le manque de sommeil…
Du point de vue évolutif, le mommy brain est rentable. Le cerveau de la nouvelle mère peut se consacrer uniquement à la survie de son bébé. Le reste importe peu. C’est pour ça qu’on a du mal à jouer à Jeopardy ou à analyser un article scientifique, mais qu’on peut facilement changer une couche ou se tirer du lait les yeux fermés. Lire une histoire en pensant au souper à préparer. Connaître le numéro de la sage-femme par cœur et les symptômes de toutes les maladies infantiles possibles. Un chercheur a même découvert que les mamans rates réussissaient beaucoup plus rapidement que les rates-pas-mamans à trouver de la nourriture dans un labyrinthe pour la ramener à leurs petits. #OnAMission.
La nature fait bien les choses : si tout va bien, les nouvelles mères se transforment spontanément en louves prévoyantes. Elles ont envie de prendre soin de leur nouveau-né. Même privées de sommeil (!), les mères savent comment faire. Mais apparemment, on paye cette phénoménale aptitude par un léger ralentissement du reste.
Eh oui, on ne peut pas tout faire à la perfection. On mémorise les nouvelles comptines sans y penser, mais on oublie nos clés, nos mots, notre sac, notre tête. D’ailleurs, dans notre tête de mère, dès qu’il y a un moment de silence, il y a souvent une !@#$ de comptine qui embarque.
Si vous vous reconnaissez là-dedans, n’ayez crainte, vous êtes normale. Ça reviendra. Bien sûr, vous êtes mère, vous allez sûrement vous préoccuper toute votre vie du bien-être de votre progéniture, même adulte. Mais ce petit décalage, ce ralentissement, il va passer. En attendant, pour ne rien oublier, vous pouvez toujours coller des post-it directement sur votre bébé.
Avez-vous souffert du mommy brain?