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Regarder un chat par la fenêtre et comprendre à quel point je serai mère poule.
Crédit: Valérie Longpré

L’autre jour, je regardais par la fenêtre et mes yeux, avant de se remplir de larmes, se sont posés sur un chat errant, allant seul, par les rues, l’âme en peine, car personne ne l’aimait (vous reconnaissez ici le mélancolique succès de Françoise Hardy : Tous les garçons et les filles). Pis c’est là que j’ai compris quel genre de mère je vais être.

Celle qui retourne vérifier encore une dernière fois, juste au cas, voir si le bébé respire encore, celle qui tient fermement la main de son enfant en traversant la rue, celle qui ne ferme pas l’œil de la nuit en attendant le retour de son ado parce que l’inquiétude lui tord les tripes. Celle qui va capoter à chaque petite toux en imaginant le pire, celle qui va crier : « Grimpe pas trop haut, c’est dangereux! », celle qui va veiller sur son kid jusqu’au petit matin pour éviter le coma éthylique à sa première « brosse ». Celle qui va appeler sa mère pour savoir si tel genre de caca est normal, celle qui va lire tous les avis de sécurité pour tous les jouets qui pourront se retrouver entre ses mains, celle qui ne sera jamais prête à le voir grandir, lui laisser les clés de la voiture, endosser son bail, le laisser partir.

Parce que je crois fermement que sortir un enfant de son vagin laisse une plaie ouverte qui ne guérit jamais totalement, une plaie dans laquelle on se « gosse », au couteau de bois, pour sculpter l’avenir de ce petit être que l’on voudrait égoïstement garder pour soi toute la vie. Chaque « boutte » d’écorce qui tombe sur le plancher, c’est un peu de nous, de notre cœur infiniment grand de maman, qui se ramasse également dans le porte-poussières.

On se néglige le rouge à lèvres pis le fard à paupières au profit des cernes qui se creusent des culs-de-sac dans notre visage. On skip la sortie du vendredi soir pour se faire des réserves d’énergie pour le tout petit. Et tout ça, c’est donc pas grave, parce qu’on est en train de perfectionner le résultat final, on prépare le grand lancement du chef-d’œuvre idéal, on façonne un corps, une tête, un cœur qui, réunis dans un même sac, formeront un nouvel habitant launché dans l’univers. Toute une job!

Ça fait que, finalement, devenir mère poule, je pense que ça ne doit pas être si pire que ça et que c’est totalement justifié. T’sais, si je braille quand je vois un chat seul dans la rue (ce n’est pas des jokes), sans sa mère, c’est que je m’imagine déjà le jour où mon enfant n’aura plus besoin de moi. La journée où il fera sa première nuit, celle où il traversa la rue sans sa main dans la mienne. Le jour où il ira lui-même s’acheter du sirop pour la toux, celui où il reviendra à la maison, fier comme un coq, avec son premier char. La journée où il partira étudier à l’étranger, celle où il signera sa première maison. Bref, le jour où personne ne murmurera « je t’aime » à mon oreille (clin d’œil dramatique et rappel à Françoise Hardy).
 


Crédit : Françoise Hardy /YouTube

Évidemment, j’exagère un peu et je voulais juste replugger madame Hardy, mais comment êtes-vous parvenus à lâcher prise et à laisser votre enfant voler de ses propres ailes?

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