Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours mal aimé mon corps. Trop ci, trop ça. Je me suis toujours comparée. Comparée à celles que je trouvais si belles. Jalouse de ne pouvoir leur ressembler, juste un peu.
Avant de rencontrer mon amoureux, je ne me permettais pas de me regarder dans le miroir des toilettes publiques lorsqu’une autre femme était présente. J’avais honte.
Honte de quoi me direz-vous? Ce sentiment est vraiment particulier et je peine à le décrire vraiment. Honte de ce dont j’avais l’air. De mon visage imparfait, de mon corps trop rond, de ce que je représentais. J’étais souvent en colère après les filles qui osaient le faire et qui avaient l’air de se trouver belle. En colère après elles, après moi.
Aujourd’hui, j’apprends et j’accepte de me regarder tout en me lavant les mains. Certaines fois, je ne me plais pas, d’autres oui. C’est une petite amélioration.
Crédit : Andrea Parrish-Geyer/Flickr
Comment fait-on pour se trouver belle quand on a toujours pensé le contraire?
Quand j’ose parler de ça avec quelques personnes proches, elles me surprennent à me complimenter et à essayer de réparer les dégâts causés par de trop nombreuses années à me faire du mal.
Mon amoureux m’a beaucoup aidée, sans le savoir. Au détour de ses commentaires tous aussi gentils et beaux les uns que les autres. J’ai appris, à travers son regard, à me trouver belle.
Mais pas à tous les jours.
Y’en a encore beaucoup, des journées où j’hais les miroirs qui m’entourent.
La faute à qui?
J’essaie de comprendre, de saisir d’où vient cette souffrance qui m’habite toujours un peu et qui refait surface à la vitesse de l’éclair, laissant sortir un tsunami de larmes et de peine à chaque fois que j’ose ouvrir mon cœur.
Je vois que l’on vit dans une société où l’on demande à la petite fille d’être belle, à l’ado d’être séduisante, à la jeune femme de donner envie, à la femme d’être belle malgré le temps qui passe… Cette pression a eu raison de moi. Les magazines m’ont tuée, souvent. Ils ont réussi à me convaincre qu’il y a un poids, une taille, des yeux, une bouche, des seins… PARFAITS.
Le hic : je ne ressemble en rien à cette perfection que l’on me représente allègrement partout où mes yeux s’arrêtent. Et ça, ça me fait mal. Même si j’aimerais ne pas être aussi superficielle quant à mon apparence, j’ai été formatée ainsi.
L’autre hic : je suis gourmande, j’aime la vie et ses plaisirs et c’est tant mieux. C’est un peu comme un pied de nez à mon premier gros hic. C’est un peu dire « ça me fait mal, mais je m’en fous ». Je m’en fous pas mal, parce que la vie est belle pour moi, que je suis en bonne santé, que j’aime et qu’on m’aime et qu’avant d’être un corps, je suis quelqu’un. Quelqu’un d’apprécié. Pas pour ce que je représente, pour ce que je suis en dedans. Et ça… aucun magazine ne pourra me l’enlever.
Avez-vous envie d’envoyer valser les stéréotypes avec moi?