Je pense que je déteste les devoirs de ma fille encore plus que j’ai détesté les miens. Je déteste arriver à la maison vers dix-huit heures, entamer (ou réchauffer) rapidement le souper et l’obliger à s’asseoir pour faire des devoirs. Je déteste la voir rouler des yeux et d’avoir à reprendre ma litanie sur l’importance des devoirs, car je n’y crois pas complètement.
J’essaie de me raisonner, de me dire que c’est logique qu’elle ait pratiquement une heure de leçons et de travaux à faire en rentrant d’une journée qu’elle a passée à l’école, mais je n’y arrive pas. L’obliger à s’asseoir à la table de la cuisine quand elle rentre et que son seul désir est de sortir dans la ruelle ensoleillée me brise le cœur.
Je pense d’ailleurs que je ne suis pas la seule. La semaine dernière, nous avions un message dans l’agenda expliquant que si un enfant ne faisait pas ses devoirs trois fois durant l’année, il aurait une retenue après la classe. J’ai été un peu abasourdie parce que franchement, à huit ans, ce n’est certainement pas l’enfant qui aura décidé de faire l’impasse sur les devoirs. Il y a probablement quelques parents qui ne regardent même pas ledit agenda, mais il y en a sûrement pour qui c’était un choix bien calculé, un refus assez équivoque.
Je tiens à la réussite scolaire de ma fille, mais je ne m’habitue pas à la charge de travail très lourde qu’elle ramène à la maison, soit environ trente minutes de devoirs et autant de leçons. J’ai eu beau essayer plein de trucs, ça ne fonctionne pas tellement. Après trente minutes de concentration pour les devoirs, le peu d’attention qu’il restait à ma fille s’est évaporé. La seule chose à laquelle elle pense, c’est est-ce qu’elle aura le temps de jouer après le bain et la routine avant-dodo : les leçons prennent souvent le bord malgré nous.
J’ai cependant un petit encouragement qui vient malgré moi chaque fois que je me décourage devant la situation. L’an dernier, Ange avait énormément de difficulté avec ses mathématiques rendue à une certaine étape et sans les devoirs, je ne l’aurais pas su. On venait de passer la rencontre de parents, tout allait bien. La matière problématique allait bien en classe, mais dans les devoirs, il était manifeste que sans support d’un adulte, elle bloquait et se fâchait pour finalement abandonner en rageant. Puis, dans un examen vers la moitié de l’année, elle a eu 20% et si je savais l’importance de suivre son évolution académique de près, j’ai conclu que les devoirs servaient aussi à ça : donner des petits signaux d’alarme. On s’est donné un coup de fouet, elle a révisé tous les soirs et dans l’examen suivant, la puce a été bien fière de son 84%.
Après cet évènement, j’ai mis en place un système de récompense relatif aux devoirs, mais pas en fonction des notes. Je récompense Ange quand elle s’assoit à table sans chigner, quand elle se concentre et s’applique pour sa calligraphie : je récompense et reconnaît l’effort qu’elle doit faire tous les soirs, le résultat importe peu. Même si un côté de moi sait qu’il est absurde d’imposer aux enfants autant de travail le soir, un autre côté de moi trouve les devoirs utiles et essentiels.
C’est ainsi que je peux aider ma fille avec ses méthodes de travail, lui donner des trucs personnels, découvrir de nouvelles forces qu’elle possède, mais aussi des faiblesses. J’apprends à décrocher : le 7 sur 15 dans la dictée, il est peut-être pas excellent, mais y a des semaines où plus n’est pas possible et ce n’est pas grave. Je pense qu’Harvard ne lui en voudra pas d’avoir eu de la difficulté avec ses « b » et ses « d » jusqu’en troisième année.
Quel est votre rapport aux devoirs? Avez-vous développé des trucs?