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Des petits pieds qui ne grandiront pas.
Crédit: Knar/ Bedian/ Flickr

Le 15 octobre est la journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal. À ma grande surprise, le terme englobe beaucoup plus de situations que je ne le pensais. Voici la définition de la fiche d’information prénatale du CSSS du Nord de Lanaudière:

  • Fausse couche : décès d’un embryon ou d’un fœtus de moins de 500 g avant 20 semaines de gestation.
  • Mort fœtale (mortinaissance) : décès d’un fœtus de plus de 500 g pendant la grossesse ou à l’accouchement.
  • Mort néonatale : mort d’un bébé à moins de 28 jours de vie.
  • Interruption volontaire de grossesse : mettre un terme à une grossesse non désirée.
  • Interruption médicale de grossesse : mettre un terme à une grossesse en raison d’un problème médical chez le bébé ou chez la mère.

Pour vous exprimer à quel point chaque histoire est importante et particulière, voici celle d’Émilie et de sa famille.

« J’ai eu ma fille il y a deux ans et la grossesse s’est merveilleusement bien passée. Ensuite, une fausse couche à 5 semaines. Les médecins parlaient d’œuf vide, j’avais l’impression que je ne perdais pas d’enfant. Ils m’avaient rassurée. Quelques mois plus tard, j’étais de nouveau enceinte!

La grossesse commence. Sauf que c’est différent cette fois-ci. À 7 semaines j’ai des petits saignements. Je cours à l’urgence : tout est sous contrôle. J’apprends qu’une femme sur 5 a des saignements. À 10 semaines, ça recommence. Cette fois c’est important. Écho d’urgence et encore une fois le bébé va bien. Je me dis qu’il est fort, qu’il tient bon.

Ensuite, les échos de routine à 16 semaines et 20 semaines révèlent que le bébé est en santé. Le pire est derrière nous! On se prépare à sa venue. Il bouge sans arrêt, la nuit comme le jour. Je suis fatiguée, très fatiguée. À 23 semaines, je perds de l’eau. Beaucoup d’eau. Ce n’est pas normal et je le sais. Direction l’urgence. Je sais que la suite va être terrible. Mon chum me rassure. Tout va bien aller.

Je pleure rarement dans la vie. Je suis une fille rationnelle qui relativise toujours. Pas cette fois-ci.

Le diagnostic : fissure de la poche des eaux à 23 semaines. Le liquide amniotique est suffisant pour le développement du bébé pour l’instant. Les risques d’infections sont élevés et on ne peut prévoir quand l’accouchement commencera. Les médecins me questionnent. Ils essaient de me le cacher, mais je sais qu’ils évaluent si c’est un bébé précieux. Jamais rien entendu d’aussi horrible. Tous nos bébés sont précieux. Je comprends qu’ils veulent savoir si je serai prête à tout pour avoir mon bébé même jusqu’à accepter de graves séquelles.

Je veux mon bébé.

Les médecins s’entendent sur une seule chose : pour l’instant il n’y a pas de problème, mais on ne peut prévoir l’avenir. J’ai une semaine pour me décider. Car après 24 semaines la médecine doit faire tout ce qui est en leur pouvoir pour sauver le bébé, peu importe l’issue. Je ressens que les médecins trouvent plus raisonnable d’interrompre la grossesse. Une semaine à peser le pour et le contre en essayant d’être rationnelle dans un contexte si émotif. Une semaine à pleurer. Mon chum prie que la nature prenne la décision à notre place. Moi je n’arrive pas à prendre une décision. J’aime mon bébé et on me demande de le tuer.

Finalement, je suis prête et décide de sacrifier mon âme et mon bébé garçon pour un avenir plus facile pour ma famille. Mon chum est soulagé, mais le pire s’en vient. Et on ne s’en doute pas encore.
14 heures de contractions. On me conseille à plusieurs reprises la péridurale que je refuse. Je veux souffrir. Inconsciemment je me punis. Je le sais.

Dans le milieu de la nuit, mon bébé est né.

Il est trop tard. C’est le début de l’enfer de la culpabilité. Mon bébé garçon. Il est vivant. Il est beau, il semble fort. Il est si bien défini. Il aura vécu 50 petites minutes. C’est au tour de mon chum de ne plus vouloir le laisser partir. C’est la première fois que je réalise qu’il est lui aussi envahi par la culpabilité.

Depuis ce jour, ma vie a changé. Je vais devoir vivre avec cette décision toute ma vie. Sans jamais être sûre que ça a été la bonne.

Je suis moins forte.
Il me manque un bébé.
J’ai un trou dans le cœur. »

Un merci tout particulier à Émilie et à sa grande générosité pour m’avoir partager cette partie d’elle.

Sachez qu’il y a des ressources pour vous aider et vous soutenir.
En cliquant ici ou vous aurez accès aux ressources existantes classées par région.

Pour un p’tit velours ou pour pleurer, Marianne L’Heureux a écrit une magnifique chanson pour sa petite Léa partie trop vite.


Crédit: Céline Dion/Youtube

À tous ces anges partis trop tôt.
À Émilie et à son petit bébé.

Avez-vous une pensée à envoyer dans l’univers pour un petit ange?

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