Oui, la première chose qu’on nous dit souvent c’est « Wow! C’est donc bien beau! Vous avez donc une belle famille. » et je suis d’accord. Mes trois petites filles, mon fils, mon conjoint et moi formons une très belle famille. Par contre, reste que trois bébés prématurés et un enfant en bas âge, c’est très demandant.
Avoir des triplés, c’est devoir s’occuper de trois bébés prématurés jour et nuit sans aide professionnelle. Lorsque nous avons su que nous attendions des triplettes (des quadruplés au début), la première question que nous avons posée au médecin était : « Pourrons-nous avoir de l’aide? Quelles sont les ressources disponibles pour les parents de triplés? De l’aide à domicile, de l’aide financière, de l’aide psychologique, n’importe quelle aide, est-ce que ça existe? »
Tout le monde nous disait que le CLSC devait offrir de l’aide, même chose pour le gouvernement ou les organismes communautaires. Ben non, c’est totalement faux. Il n’y en pas, des ressources.
Dès les premières semaines, j’ai fait des recherches : j’ai appelé tous les organismes qui œuvrent dans les milieux familiaux, le CLSC, les compagnies de produits pour bébé, les groupes de jumeaux, etc. Je n’ai jamais rien demandé dans la vie et je suis une personne qui préfère donner que recevoir. Je suis indépendante et mon conjoint l’est encore plus.
Mais là, c’est terminé. Nous n’avons juste pas le choix de nous entourer de gens merveilleux qui sont prêts à nous donner un coup de main. J’ai encore un peu de difficulté à demander de l’aide, mais crime que je l’apprécie et que j’en suis reconnaissante.
De l’aide et des conseils, j’en ai trouvé sur les réseaux sociaux. J’ai fait la connaissance d’autres familles de triplés qui comprennent ce que nous vivons, qui peuvent nous conseiller sur les étapes à franchir et nous donner des trucs pour survivre. Ce que j’en retiens : l’organisation. Organiser toute la maison pour sauver le plus de temps possible et ne rien oublier : médication, achats, horaire des boires, lavages, ménages, rendez-vous, etc.
Parce que ici, il n’a rien de simple, ce sont les joies de la prématurité. Les filles prennent chacune trois médicaments : fer, vitamine D, Prevacid. Elles ont chacune un lait spécialisé différent, une sorte de biberon différent, un débit de tétine différent. Ça nous coûte environ 150 $ de lait maternisé par semaine et 210 couches par semaine.
Du soutien, j’en ai trouvé chez mes proches : ma famille, mes amis, mes voisins. Tout le monde nous a surpris par leur bonne volonté. Nous avons eu de la nourriture toutes les semaines et, honnêtement, c’est le plus beau cadeau que nous avons reçu. C’est un tracas de moins à gérer et surtout, nous n’avons plus trop le temps de concocter des repas santé et d’aller à l’épicerie. #MerciPourL’ÉpicerieEnLigne
Puis, les gens nous ont aussi prêté tous les essentiels pour bébés qu’il nous manquait. Parce que financièrement, c’était impossible pour nous d’acheter ce qu’il nous manquait pour que nous ayons de tout en triple! Imaginez : 3 bassinettes, 3 bumbos, 3 chaises vibrantes, trois balançoires, 3 chaises hautes, 1 million de pyjamas et cache-couches, 3 paires de bottes, 3 habits d’hiver, etc.
Et ce n’est pas juste l’aspect matériel qui est difficile : il y a les nuits trop courtes, les coliques puis notre fils – notre grand bébé – de qui nous devons aussi nous occuper. Nous avons eu la chance immense d’avoir ma belle-mère à temps plein au début et ma famille qui prenait la relève la fin de semaine, car c’était juste impossible d’être seulement deux avec les 4 enfants.
Chez nous les « gaga-gougou » n’existent plus. Le catinage et le temps one on one avec bébé non plus. Nos seuls moments en solo avec les petites, c’est quand nous changeons leur couche. Nous n’avons simplement pas assez de temps ni assez de bras pour plus. Tout doit être rodé au quart de tour pour que les soins des petites soient administrés correctement. #VieDePrématuré
Ce que je réponds aux gens qui nous demandent comment ça va : « On survit. »
C’est pourquoi je déplore le manque d’aide et de ressources, outre les groupes Facebook et nos familles, puisqu’il y a tout de même une limite à ce que nos proches peuvent faire pour nous. Puis, dans notre région, parce que nous sommes une famille qui tombe dans la case de la classe moyenne, nous pouvons recevoir de l’aide à domicile, mais aux frais de 17 $/heure.
Ailleurs, certaines familles ont eu gratuitement de l’aide à domicile 15 h/semaine pendant plusieurs semaines. Nous avons eu droit à 20 heures gratuites (soit 3 h/par semaine pendant 6 semaines) parce que j’ai écrit avec insistance au maire de ma ville et au député de ma région. C’était bien gentil comme offre, mais concrètement, c’était bien peu.
C’est ça avoir des triplés : c’est beaucoup d’amour, mais énormément de travail. Nous avons découvert que les gens qui nous entourent sont extraordinaires, nous avons tissé des liens et la famille s’est rapprochée. Ce n’est pas toujours facile, souvent nous sommes fatigués, mais nous survivons. Puis, l’important, c’est que nos enfants, nous les aimons plus que tout au monde.
Avez-vous des jumeaux, des triplés ou des quadruplés? Déplorez-vous aussi le manque de ressources?