Aller au contenu
Des mots pour dire adieu comme un enfant.

Ce 7 octobre, quand je l’ai trouvé caché sur des vêtements dans un coin de ma chambre, une phrase d’un roman de Zola m’est venue en tête : « Elle l’adorait pour l’avoir disputé à la mort pendant une longue jeunesse de souffrances. » (Thérèse Raquin)

Depuis 4 ans que je le disputais à la grande Faucheuse. 4 ans que je soignais son diabète. 4 ans que je préparais mon grand à l’idée que ce membre de notre famille allait peut-être bientôt nous quitter. 

Nous avons vécu ensemble pendant 14 ans, Monsieur-le-Chat et moi. Il aura été l’homme le mâle le plus tenace. 14 ans d’intimité, de complicité et d’amitié. Ma soeur, qui était là lors du dernier souffle, m’a écrit le lendemain : « C’est beau la relation que vous aviez. » 

J’aime penser qu’on était spécial, lui et moi. En fait, nous l’étions. Notre relation était unique. J’étais SON humain. Juste à lui.

***

C’est dans mes bras, blotti contre mon coeur et dans une suite infinie de « Je t’aime » qu’il m’a quittée. Il a choisi son moment. Il a choisi mes bras, comme il les avait choisis, 14 ans auparavant quand je n’étais qu’une cégépienne.

Maintenant, j’ai un immense deuil à faire et Monsieur Lapin aussi. 

Monsieur Lapin a pu lui dire adieu, lui faire l’ultime caresse pendant que la vie quittait doucement le plus beau des chats en tuxedo.

Crédit : Emilie Sarah Caravecchia

Au printemps, sachant que le moment arriverait, Carolane avait fait venir pour moi le livre Moi, mon chat… des Éditions de la Bagnole1. C’est seulement le 8 octobre que je suis allée le chercher. Je n’avais plus le choix. C’était… arrivé.

En après-midi, assis sur le canapé, avec un chocolat chaud, mon fils et moi avons ouvert le livre. Nous avons imaginé le dernier voyage de notre ami. Nous avons comparé les habitudes du chat blanc de l’histoire à celui de notre chat noir et blanc à nous. 

« Moi, Maman, je suis sûr qu’il est maintenant un fantôme et qu’il vient dormir avec moi la nuit, comme dans le livre… Moi, ça me fait moins de peine comme ça. »

Qu’il est sage mon grand! Peut-être que, moi aussi, comme l’auteure le suggère, je devrais lui imaginer une nouvelle vie. Sûrement que mes yeux seraient moins bouffis. Je devrais l’imaginer avec sa valise sur le dos dans laquelle il aurait mis ma veste en laine, celle qu’il avait adoptée et frénétiquement léchée…

Moi, mon chat… c’est ce livre pour les 4 ans et plus qui saura consoler les enfants et émouvoir les parents – j’ai versé quelques larmes en lisant la dernière phrase. 

Le soir venu, mon fils a voulu relire le livre. C’est Chéri qui a pris la relève. Je les ai regardés de loin, les yeux mouillés. J’ai pris mon téléphone pour immortaliser le moment. Je me suis dit que j’allais vous parler du bien que l’histoire de Christiane Duchesne et de Pierre Pratt a fait à mon grand. Je les en remercie infiniment. Moi, prise dans mon chagrin, je n’avais pas les mots pour consoler le sien.

Crédit : Emilie Sarah Caravecchia

Comment expliquez-vous la mort à vos enfants?

_______________________
1Christiane Duchesne et Pierre Pratt, Moi, mon chat…, Montréal, 2015, Les éditions de la Bagnole.

Plus de contenu