Daphné, ton nom nous est venu comme une évidence, près de 3 mois après ton départ. Ton papa et moi déambulions dans les allées de la pharmacie. Je lui ai demandé si son deuil de toi était fait. C’est que nous avons peu parlé de toi, Daphné. Pas parce que nous ne t’aimons pas, bien au contraire. Mais parce que nous croyions à tort que ce serait plus facile de simplement t’oublier, de te médicaliser et de te rationaliser : « Ce n’était qu’un embryon de 7 semaines, après tout. »
Après avoir éclaté en sanglots à deux reprises dans la même semaine, sans raison apparente, j’ai compris que je ne m’étais pas remise de toi, de ton absence. Et que probablement que je ne m’en remettrai jamais complètement. Tu es une partie de moi. Je t’ai désirée, portée, parlé. Je t’ai imaginée dans notre famille, dans notre vie. Nous t’avions déjà fait une place, acheté de minuscules vêtements, un toutou et plein d’autres babioles pour nous préparer à t’accueillir en mars.
Mais tu ne viendras pas. Ce n’est pas parce que nous ne te verrons jamais que tu n’as pas existé. C’est pour cela qu’en ligne pour payer nos achats à la pharmacie, nous avons décidé de te donner un nom, une identité.
« Oh! C’est beau comme nom : Daphné », s’est exclamé ton papa en voyant le voyant écrit noir sur gris, brodé sur la chemise de la caissière. « C’est vrai que c’est beau! À la garderie, j’avais une amie qui s’appelait ainsi. Lorsque je jouais à des jeux de rôle, la fin de semaine, je voulais toujours m’appeler Daphné. »
On a payé, puis on est sorti. J’ai arrêté ton papa devant les portes automatiques. « On va l’appeler Daphné. C’est ça, son nom ». Il a acquiescé avant de me serrer contre lui.
Daphné, nous célébrerons ton anniversaire de naissance cet hiver, nous penserons à toi à tous les ans, à pareille date. À tous les jours, en fait. Nous t’aimons et nous sommes choyés de t’avoir dans notre belle famille.