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Ils étaient tous mes fils : toujours d’actualité même après 68 ans!
Crédit: Caroline Laberge

Le 30 octobre dernier, j’ai eu la chance d’assister à la représentation de la pièce de théâtre Ils étaient tous mes fils d’Arthur Miller, présentée au théâtre Jean Duceppe de la Place des Arts (merci TPL Moms!). Vous vous demandez probablement quel est le rapport entre TPL Moms et cette pièce de théâtre… Eh bien c’est que je vais vous dire!
 
Se déroulant dans l’après deuxième guerre mondiale, Ils étaient tous mes fils met en scène une famille typique de banlieue affichant une réussite sociale à laquelle nous avons tous envie de croire. Ils font l’envie de leurs voisins, le père est propriétaire et chef d’entreprise et ils sont à l’aise financièrement. Mais il y a un « mais ».
 
L’or qui les recouvre n’est que plaqué. Leur image n’est bâtie que sur la fausseté d’une chose : les apparences. Et aussi coiffées et embellies soient-elles, les apparences restent toujours ce qu’elles sont : un reflet, une surface, un manque de profondeur. Je ne vous en dis pas davantage.
 
Bien qu’ayant été performée pour la première fois en 1947, cette pièce est toujours d’actualité. Elle critique le capitalisme sauvage auquel nous sommes soumis malgré nous. Un capitalisme donnant raison aux pires choix et aux pires décisions au nom de l’argent, mais surtout au nom de la famille. Nous serions prêts à faire beaucoup de choses pour assurer un legs florissant à nos enfants et nous serions prêts à en faire encore plus pour leur assurer un confort immédiat.

 

La pièce nous rappelle à quel point nous sommes prisonniers de ces chiffres qui s’accumulent (ou pas!) dans notre compte épargne (ou sur notre marge de crédit, si nous sommes moins chanceux!). L’argent est le nœud, le cœur, de bien des maux. Qui ne s’est jamais pris la tête à deux mains à cause de ses finances personnelles? Qui n’a jamais espionné l’herbe du voisin pour voir si elle était plus verte que la sienne?

Nous avons souvent tendance à envier, voire jalouser, ces familles banlieusardes qui logent dans des maisons cossues. Ces gens, qui semblent au-dessus des tracas quotidiens, qui semblent immunisés contre les soucis ordinaires. Ça me rappelle ce dicton : « L’herbe semble toujours plus verte chez le voisin. » Jusqu’à tant que tu réalises que c’est du gazon artificiel. 

C’est drôle, car un de mes anciens voisins avaient réellement fait mettre du gazon artificiel sur son terrain… Il roulait toujours en voiture de luxe, il était toujours en voyage. Nous le regardions souvent en nous disant « Ouin, ils ont l’air bien eux autres! » Puis un jour, on a cessé de le voir. Il s’était fait arrêter. Pourquoi? Parce qu’il faisait partie du crime organisé. Oups.
 
Après avoir fuit la police durant des semaines, si ce n’est pas des mois, après ne pas avoir vu ses enfants ni sa femme, il s’est fait prendre. Il était en prison. Pourtant, Dieu sait qu’ils avaient l’air d’une famille géniale!
 
Je ne suis pas en train de dire que tous ceux affichant une réussite sociale sont affiliés à la mafia, là (lol). Je dis juste que ça se peut. Qu’on ne sait jamais. Que nous n’avons aucune idée de ce qui se passe à l’intérieur d’une maison alors que les seules choses que nous observons sont le cadrage de la porte d’entrée ou la couleur du gazon. Même si ça brille, que les arbres sont toujours en fleurs et que les dents des enfants sont toujours blanches, ça camouffle parfois autre chose.

Le pire, c’est qu’on ne se dit pas « J’aimerais avoir une meilleure vie », on se dit « J’aimerais avoir LEUR vie », sans savoir ce que ça implique. Ce qui semble beau de l’extérieur n’est pas nécessairement beau à l’intérieur…

La famille est au coeur de l’intringue et plusieurs facettes sont exploitées. La perte d’un enfant et le processus du deuil sont abordés, de même que le suicide, le désespoir, le mensonge et la trahison. 

Ils étaient tous mes fils, jusqu’au 5 décembre au théâtre Jean Duceppe de la Place des Arts

 

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