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Tout le monde veut que tout le monde l’aime… à « Social Media City »
Crédit: Everett225 / Depositphotos.com

Tout le monde veut que tout le monde l’aime
Mais personne n’aime tout le monde…

Crédit : cashcity / imgneed.com
 

Ces quelques mots tirés de la chanson Cash City de Luc de La Rochelière pourraient avoir été écrits hier, tellement ils résument bien l’ère des médias sociaux et de la rectitude sociale dans laquelle nous vivons à présent. Et parfois ça me chicote un peu.

Tout ce temps perdu à tenter d’obtenir l’approbation de parfaits étrangers! Nous écrivons sur Facebook pour récolter des « j’aime », nous arrangeons nos photos Instagram (mes salutations à Essena O’Neill) pour projeter une image idyllique de notre vie et pourquoi? Pour que les gens (#LesGens) nous aiment et le manifestent?

Crédit : queensofvintage
 

Il y a une capsule – fort bien imaginée et bien réalisée – qui fait beaucoup jaser ces dernières semaines : les « montées de lait » du magazine Format Familial. On y présente des personnalités publiques qui expriment un ras-le-bol sur l’un ou l’autre des 1001 sujets qui touchent la famille.

Récemment, la complexité de faire des lunchs à l’ère des allergies et du bien-manger, mais aussi des sujets plus personnels comme les traitements de fertilité par Geneviève Brouillette ont été abordés. Allez cliquer, ça vaut la peine!
 

Crédit : Magazine Format Familial produit par Attraction Image/Télé-Québec
 

Dernièrement, Hélène Bourgeois-Leclerc y allait de son exaspération avec la surprotection des enfants et Sébastien Benoit exprimait son écoeurantite de la pression que vivent les mères à allaiter : « Ça se peut-tu que ça y tente pas, de tirer son lait? » demande-t-il. Mais bien sûr, que ça se peut! Et c’est son choix le plus élémentaire! Mais les commentaires approbateurs à ces propos se sont vite déchaînés contre « les intégristes de la mamelle, la secte de La Leche » et autres à blâmer pour ce shaming malheureusement trop souvent vécu.

Quel est mon problème avec ça? Leurs propos? Non. Est-ce que ça me dérange parce que j’allaite et que j’adore allaiter (même si en effet, j’haïs tirer mon lait)? Non plus. Est-ce plutôt la réception de ces capsules et leurs commentaires qui m’énaaarvent? Peut-être, oui…
 
Ce qui me dérange, c’est que j’ai cette impression qu’encore une fois, sous prétexte de demander de cesser de juger les autres, on juge les gens qui jugent les gens. Le jugement est-il une hydre? On en coupe une tête et il en repousse 10? N’est-ce pas un sempiternel déplacement de ce jugement que l’on redoute tant? 

Crédit : fydisneymisfits/tumblr.com

Ces capsules sont super drôles, super bien faites et magnifiquement bien interprétées. Mais sont-elles trop reçues comme étant des certitudes ou des dogmes? Moi qui doute de tout et que les certitudes effraient… Parfois, les commentaires sur les réseaux sociaux aussi! Je donne cet exemple, mais je pourrais en donner mille autres, de situations où on juge les gens qui nous jugent de juger!

Parents! Hommes! Femmes! Enfants! La société est ainsi faite : #LesGens jugent. Et de cela, j’en suis certaine, malheureusement. Qui sont #LesGens? Ce sont justement des personnes qui ne nous connaissent pas intimement et qui ne partagent probablement pas les mêmes valeurs ni le même passé que nous.

Pourquoi le jugement nous affecte-t-il tant alors?

Je ne sais pas. Est-ce parce que les réseaux sociaux ont étendu le bassin des gens à qui l’on partage nos pensées? Nous n’avons plus seulement ces discussions au sein de notre famille ou nos amis, mais bien publiquement sur un parvis d’église exponentiellement grand. Peut-être est-ce aussi parce qu’il est de plus en plus difficile d’assumer pleinement nos choix alors que des éventails de possibilités s’offrent à nous pour chaque petite décision du quotidien?

Le jugement, qu’est-ce que c’est, au fait?
Larousse :

  • Activité de l’esprit permettant de juger, d’apprécier les êtres, les choses, les situations de la vie pratique et de déterminer sa conduite : Une éducation qui vise à former le jugement.
  • Aptitude à bien juger, à former des appréciations lucides, justes : Un homme dépourvu de jugement.
  • Action de se faire une opinion sur quelqu’un ou sur quelque chose ; manière de juger : Je m’en remets à votre jugement.
  • Appréciation, favorable ou défavorable, portée sur quelqu’un ou sur quelque chose : Formuler un jugement sur un ouvrage.
  • Activité de la pensée qui affirme ou nie une proposition, pour faire apparaître le vrai.

 
« Le vrai »? Pas certaine de ce mot, mais « faire apparaître ce qui nous semble juste et bon à nous, en tant qu’individu », peut-être, oui. Le jugement permet également de se confronter à des systèmes de valeurs différents des nôtres et réaffirmer nos choix. Les assumer davantage. Et ça, c’est plus facile à faire en sous-groupe qu’en public. Tout le monde préfère discuter avec des gens respectueux, qui nous connaissent et connaissent nos vies, de préférence. Mais tout le monde finit par juger autrui un jour ou un autre, non?

Qui oserait s’opposer publiquement au cri du cœur d’Hélène Bourgeois-Leclerc qui imite des parents au parc : « Hhiiii attention! Tu vas te brûler! » Personne! Mais je pense que les familles d’enfants blessés (ou décédés) dans des circonstances de jeux (il y en a) jugeront qu’il est impossible de faire autrement… et jugeront ceux qui laissent faire! C’est comme ça. Sans jugement à l’excellente interprétation d’Hélène Bourgeois-Leclerc!

Crédit : capture de la capsule Montée de Lait / Magazine Format Familial Télé-Québec

 « Because it’s 2015 »

  • Peut-on accepter que le jugement fasse partie de la vie? Surtout de la vie de parent parce que nos choix – très personnels – sont guidés par ce que nous souhaitons de mieux pour nos enfants.
  • Peut-on accepter qu’il n’y a pas de pensée unique?
  • Qu’il n’y a aucun être humain pareil?
  • Que toutes les vies et les expériences de vie sont différentes?
  • Que quand on fait des choix, il est peut-être plus bénéfique de les assumer soi-même que tenter de les faire assumer par #LesGens? Quelque soit le sujet.

Le jugement est un serpent qui se mord le queue depuis toujours. Une spirale infinie dont on ne sortira probablement jamais… Autant s’y faire!

Crédit : favim.com

Pour vivre heureux, plutôt que de vivre cachés comme le conseillait le fabuliste Florian, devrions-nous apprendre à être jugés sans y accorder une trop grande importance? Apprendre à assumer nos choix sans approbation extérieure nécessaire?

Beau défi, non?
Allez! Tous en choeur :
Tout le monde veut que tout le monde l’aime
Mais personne n’aime tout le monde…

(Ne likez pas, surtout! Ça me ferait plaisir, mais ça contredirait tout mon article!)

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