Aller au contenu
Je scolarise ma fille autiste à domicile, mais je protège l’école publique!
Crédit: geralt/ Pixabay

Je scolarise ma fille de six ans à la maison cette année. Pourquoi pas l’école régulière comme tous les autres enfants? Elle a des besoins particuliers. En fait, elle a une liste de besoins. Disons que vous venez tout juste de revenir de la planète Mars et que les chaînes humaines autour des écoles publiques, ça ne vous dit rien du tout, et que le mot « austérité » ne vous soit pas familier, je vous informe que le gouvernement actuellement en place au Québec a fait des coupures dans le milieu de l’éducation.

En fait, eux disent que non, les professeurs disent que oui. Les parents, dans certains cas, doivent aller eux-mêmes aider leur enfant en classe, car les professionnels attitrés aux enfants avec besoins particuliers sont partiellement ou totalement disparus. Suppression de postes oblige, ces derniers ont dû faire leur deuil de travailler à temps plein dans le milieu scolaire cette année. Malgré tout, le ministre Blais ne voit pas l’urgence de la situation.

Vous me croyez courageuse et dévouée? Je ne suis pas si dévouée. En fait, personnellement j’ai beaucoup plus d’admiration pour les parents qui jour après jour vivent la dure réalité des coupures. Vous n’imaginez même pas mon respect pour les enseignants et les divers intervenants qui travaillent auprès des enfants différents, depuis que je me tape la préparation en vue de l’enseignement de la journée, de la semaine, du mois et de l’année à venir. Courageuse? Non! Souvent les gens me disent courageuse parce que j’ai un enfant différent, mais en fait, je choisis mes batailles. La majorité du temps, je choisis le plus simple pour économiser mon temps, mon énergie et préserver mon sourire. Si j’étais courageuse, ma fille serait sur les bancs d’école cette année.

Pourquoi je me suis embarquée là-dedans? J’avais une écoeurantite aiguë des batailles pour faire reconnaître lesdits besoins de ma fille. Après plus de trois ans pour l’investigation complète de mademoiselle dans le système de santé publique et avoir repoussé l’entrée scolaire d’une année par une dérogation, quand j’ai vu ce qui se tramait le printemps dernier, j’ai réalisé ce qui m’attendait cet automne. Je me suis dit : « Laissez-faire, je vais le faire. »

Honnêtement, entre trouver des façons de faire pour maximiser les apprentissages de ma fille et faire des allers-retours entre la maison et l’école, en raison du manque d’effectif, j’ai choisi le confort de mon foyer. J’aurais eu l’impression de vivre dans Le jour de la marmotte et, ça, j’ai assez donné, merci!

Mon amie Brigitte Dubé, qui est porte-parole de la Coalition de parents d’enfant à besoins particuliers, elle, elle est dévouée. Elle court les conseils d’administration, fait des suivis avec la direction, l’enseignante et la T.E.S. de son fils. Elle est présente lors de chaque chaîne humaine autour de l’école de ses enfants et le soir elle doit quand même voir aux devoirs, au souper et aux lunchs pour le lendemain. Elle, elle est dévouée! Moi je suis une maman qui a choisi une bataille à la hauteur de ses forces et de ses faiblesses donc ça excluait tout ça, car je me remets à peine de l’investigation!

Justin et Livia iront-ils l’école? Je ne suis pas une Émilie Bordeleau des temps modernes. Ils iront à l’école et c’est entre autres pour eux que j’écris ce texte. Parce que l’an prochain Justin sera sur les bancs d’école et que les coupures, ça ne touche pas seulement les enfants à besoins particuliers.

Parce que ces enseignants épuisés par une charge de travail trop lourde ne travaillent pas uniquement avec les enfants différents. Ils ont un impact sur tous les enfants qui fréquentent le système d’éducation publique. C’est pour eux que je soutiens l’initiative des chaînes humaines. Pas uniquement parce que mes amies font partie de ce mouvement! Parce que dès le début, j’ai compris que nous étions tous concernés par les coupures dans le milieu de l’éducation et par son austérité imposée.

Pour mes enfants et les vôtres : Je protège mon école publique!
 

Plus de contenu