Prévoir une personne de plus dans l’équation, c’est parfois angoissant, mais en même temps, c’est aussi tellement beau. Ça donne des câlins crème glacée, des bisous limonade sucrée. Ça fait des galipettes sous la couette sirop d’érable, des plaisirs forêt boréale. Tout est amplifié. La nécessité est changée. Demain, il y aura peut-être quelque chose de si petit et de si immense en train de se former.
Ça bouille à grands bouillons dans notre cocon, et j’ai le goût de garder toute cette chaleur juste pour nous deux. J’ai l’impression que si y’a une fuite, nous pourrions perdre de notre petit bonheur si précieux. J’aimerais tant ne plus avoir d’obligations, et juste me lover avec lui comme deux chats collés à côté du calorifère lorsque le givre gagne à la tague contre la fenêtre du salon.
Y’a un nouveau nom qui se dessine au-dessus de nos têtes : papa et maman. Nous nous découvrons sous la lunette de la parentalité. Je l’imagine avec notre création dans les bras. Il me voit en train de lui faire des crises d’amour. Ça rend nos sourires plus doux. Ça conjugue nos regards au futur. Ça tatoue l’intérieur de nos paupières de chaleureuse chaumière en campagne.
Le présent est absolument tourné vers demain. Les décisions ne se prennent plus comme hier. Le « si » s’est élu domicile dans tous nos projets. Nous ne serons plus seulement nous deux contre l’univers entier, nous serons trois pour y mettre le feu. C’est toujours dans la perspective du « peut-être » que nous tentons d’appréhender notre réalité; celle de vouloir si fort, mais de ne pas savoir quand.
Nous essayons aussi de profiter de notre duo avant d’intégrer un nouveau membre dans notre band. Pas que la musique sera moins bonne, mais faudra apprendre à accorder nos instruments sur la même note pour éviter la cacophonie. Ça fait que cette année nous skippons Noël pour faire notre premier voyage, même si ce n’est pas si raisonnable, financièrement parlant.
Puis, c’est aussi le conflit qui s’articule autour du chiffre trois. Les remontrances se font dans une autre optique. « T’es fatiguée, imagine-toi quand t’auras un bébé. » ou « J’ai bien hâte de voir ce que tu vas faire à manger au p’tit si t’es même pas capable de faire des crêpes. » Tout ce que nous scrutons à la loupe est observé avec des yeux déracinés de soi. Nous nous regardons avec l’imaginaire de la présence de l’autre.
Nous bâtissons des terrains de possibles ensemble, nous montons la charpente de notre famille, nous dessinons les plans de notre maison. Nous devenons les « Bob le bricoleur » de nos vies, et je vous jure que malgré les doutes et les excès d’angoisse, jamais je ne voudrais changer d’helper.
Avez-vous remarqué des changements à l’intérieur de votre couple en enclenchant le processus de faire des enfants?