Pikiq, un voyage au bout de la couleur : suggestions de livres pour Noël – partie 5
Emilie Sarah Caravecchia Au cours des prochaines semaines, je vous présenterai mes coups de cœur de littérature jeunesse à offrir pour Noël (parce que ça arrive bientôt) ou à offrir n’importe quand (quand il s’agit de livres, n’importe quand, c’est toujours le bon moment.) Partie 1, 2, 3, et 4.
En feuilletant (numériquement) le catalogue des nouveautés des éditions de la Bagnole, l’image de la couverture de Pikiq m’a captivée : un fond blanc, hivernal, immaculé, une allée d’arbres multicolores, un enfant inuit souriant, un corbeau et un harfang des neiges haut perchés et lovés contre les branches effeuillées. C’est à pieds joints que Yayo nous donne envie d’entrer (physiquement) dans son livre.
En tournant les pages, on pénètre dans le désert froid du Grand Nord où vit Pikiq. C’est la découverte d’une boîte remplie de crayons de couleurs, de pinceaux et de livres de « photos d’arbres et d’animaux exotiques » perdue au milieu de nulle part, par un explorateur, qui amènera Pikiq à égayer son monde en reproduisant (en dessin et en peinture) les univers méconnus des photos. À court de papiers, c’est sur la neige que Pikiq poursuivra son oeuvre picturale, imprégnant ainsi son monde des « autres mondes ».
Cet album de Yayo m’apparaît comme un appel à la découverte de l’exotisme. À ce qui, pour soi, est exotique, car l’exotisme de l’un n’est pas celui de l’autre. C’est l’absence de jugement devant la nouveauté. C’est l’embrassement de la nouveauté, de la découverte. C’est l’appropriation de ce qui était jusqu’alors inconnu. C’est en somme tout ce qui s’oppose au rejet de l’Autre.
C’est aussi un appel à la découverte de l’art, à l’expression artistique, sans censure, sans tabou. Pikiq ne se contente pas de reproduire fidèlement les images vues, il les amalgame, les déforme, les transforme, il fait cohabiter des espèces, fait nager les baleines dans un ciel d’arbres feuillus, imagine des géants sur lesquels pousse du gazon, colore un inukshuk… Les dessins de Pikiq/Yayo sont surréalistes, dans le sens artistique du surréalisme, pas très loin des Dalì et Magritte de ce monde. Ces dessins émanent de cet univers enfantin et sans censure en illustrant le rêve.
« Maman, c’est quoi un inukshuk?
– Tu aimerais que je trouve un livre sur les Inuits (et les autres peuples autochtones du Québec, tant qu’à y être) pour t’expliquer?
– Oh oui! »
Qu’aimeriez-vous que votre enfant découvre des autres pays, des autres cultures?
Pour le trouver en bibliothèque ou librairie :
Yayo
Pikiq
Montréal, éditions de la Bagnole, 2015