Il y a quelques mois, j’écrivais un billet à propos du phénomène Sarah Stage. Vous vous souvenez, cette femme enceinte qui semblait un peu trop en forme pour la ligue? Des milliers de personnes avaient décidé qu’elle était « moins mère » que les autres, sous prétexte qu’elle portait des belles robes de soirées à 37 semaines et ne semblait pas faire de rétention d’eau.
Le jugement avec lequel elle s’était fait pointer du doigt m’avait beaucoup touchée. Je n’aimais pas le procès qu’on lui faisait, un commentaire à la fois. Cette femme ne représentait pas une mode, une norme à suivre. Pour moi, elle n’a jamais été un modèle. Elle était une femme enceinte, comme il en existe plein d’autres.
J’ai réactivé mon compte Instagram il y a quelques mois. N’étant pas abonnée à plusieurs personnes, je me suis souvent retrouvée sur la page d’accueil intitulée « Explorer les publications ». C’est alors que j’ai vu; que j’ai vu les dizaines et dizaines d’images (pour ne pas dire les centaines).
J’ai constaté que les femmes comme Sarah Stage semblaient être devenues un but à atteindre. Les jeunes femmes s’agglutinaient sous leurs photos à coup de « Je DOIS te ressembler lorsque je serai enceinte » ou « Je ne DOIS PAS avoir de ventre lorsque je serai enceinte de huit mois moi non plus ». C’est comme si la vapeur s’était inversée, sans que ce soit pour le mieux.
J’ai vu plusieurs femmes poser fièrement pour l’objectif avec une gaine eou un corset, alors qu’elles avaient accouché cinq jours plus tôt. Une gaine pour que leur taille se raffermisse tout de suite. Un corset et une légende qui dit « No pain, no gain ». J’ai vu la hâte avec laquelle on donne aux femmes des conseils pour qu’elles aient le vendre plat MAINTENANT.
Crédit : captude d’écran momswearheels/Instagram
Que plusieurs femmes n’ayant jamais connu la maternité s’identifient à ces femmes me laisse franchement perplexe. Pas parce je valorise le divan, la télé et les chips. Pas parce que j’encourage la paresse. Pas parce que je ne crois pas aux bienfaits du sport (au contraire!). Non, ce qui me laisse perplexe soit que l’on pense à notre taille post accouchement alors que nous ne sommes même pas enceintes et que ce n’est peut-être même pas un plan concret encore.
Ce qui me laisse perplexe, c’est l’espèce de valorisation à outrance de l’instantanéité avec laquelle le corps doit ressembler à ce qu’il était avant. En 4 jours, il doit éliminer les traces de neuf mois de gestation. J’ai un problème.
Crédit : capture d’écran sarahstage/Instagram
Je n’ai rien contre le fait que des femmes retrouvent leurs abdominaux après quatre jours. J’en ai contre le fait que plusieurs personnes voient ceci comme une nouvelle norme, comme une nouvelle vérité.
Je comprends le besoin de retrouver son corps. De se retrouver. Je comprends le désir de se réapproprier son enveloppe, celle que l’on est. Je comprends tellement. Je n’ai pas pu m’empêcher de m’entraîner jusqu’à la 36e semaine. Par amour du sport, par souci de santé, et aussi (surtout) pour avoir l’impression de m’appartenir encore un peu. Mais une gaine? Un corset? Un régime? Non.
Il n’y a rien de santé là-dedans, tout comme il n’y a rien de sain à exiger que son ventre soit minuscule durant la grossesse. Nous n’avons aucun contrôle là-dessus. Nous ne sommes pas plus ou moins femmes (ou mères) sous prétexte que notre corps ressemble à ceci et non à cela. Il est bien d’avoir des sources de motivation, mais il faut prendre garde et ne pas tomber dans l’obsession. Il faut être capable de se trouver belle même si nous ne ressemblons pas aux mannequins sur Instagram. Instagram, ce n’est pas la vie!
Que pensez-vous de tout ça?
P.-S. : N’oubliez pas qu’en étant suivies par des millions de personnes, ces célébrités Web sont commanditées par plusieurs compagnies. Elles ne paient ni leur entraîneur, ni leur nutritionniste, ni leurs vêtements, ni leurs produits pour la peau, etc. Elles sont payées pour prendre soin d’elles, ce qui n’est pas donné à toutes.