Cher père Noël,
Je vous écris simplement pour vous dire merci. Cette année, ce sera mon septième Noël avec ma grande fille. Par contre, cette fois, Ariane vivra un Noël dans le respect de qui elle est. Un beau réveillon entouré des gens qui l’aiment et qui ont fait des pieds et des mains pour lui dénicher des cadeaux dans le respect de ce qui l’intéresse vraiment. Une belle nuit de Noël où les gens présents ne poseront pas de questions. Ni aucun regard désobligeant sur elle ni sur nous. Aucune allusion à cette partie d’elle qui se nomme l’autisme.
Il n’y aura pas de bruits agressants ou de surplus de stimuli visuels. Il y aura fort probablement les étreintes de mamie et le rire communicateur de papi, qui le démasqueront lorsqu’il tentera de se faire passer pour vous, père Noël. Il y aura les surprises et l’enthousiasme de sa tante Cindy, mais également la compréhension admirable de son oncle Carl. Il y aura son père qui tentera de voir à ses besoins bien avant qu’elles les aient.
Il lui expliquera mille et une fois ce qu’elle ne comprendra pas et la prendra dans ses bras quand ça n’ira pas. Son frère et sa sœur seront ravis de sa présence, car ils ne feront pas de cas de sa différence. Leurs yeux d’enfant seront beaucoup trop occupés par les pâtisseries et les cadeaux.
Finalement, il y aura moi, sa maman. Moi, qui pour la première fois cette année, ne vous ai rien demandé. Contrairement aux six dernières années où toutes mes demandes étaient en fait pour elle. Vous souvenez-vous, je vous ai demandé qu’elle s’assoie, qu’elle marche, qu’elle coure, qu’elle comprenne, qu’elle parle et bien plus encore? Ça aura pris six nuits de Noël, mais j’ai finalement compris que mon bonheur était dans la compréhension de sa différence, dans l’acceptation de cette dernière, mais surtout en moi. Ça aura pris six ans, mais cette année je ne fais pas de vœux pour elle. La magie de Noël cette année sera dans le sourire d’Ariane et non dans la réalisation de mes attentes.
Mon cœur est maintenant en paix avec la différence de ma fille, mais également avec l’imperfection de ma petite famille. En fait, alors que c’est au père Noël que certains cessent de croire, c’est en la perfection que je ne crois plus. Cette dernière qui accable les gens de stress toute l’année, mais principalement en cette période de festivités. La magie de Noël est dans la simplicité de ces petits moments espérés. Ces moments que l’on savoure réellement, le jour où on les a perdus de vue et lorsque nous croyons qu’ils ne reviendront plus.
Cette année, je ne vous demande rien, car vous m’avez offert dans les six dernières années, le plus beau cadeau qu’une maman puisse espérer : une leçon de vie. Celle qui nous apprend que lorsque la douleur semble avoir tout détruit, si on y croit, l’amour triomphe et de nouveau le bonheur nous sourit.
Joyeux Noël, père Noël et, surtout, merci.