Avant, bien avant, il y a eu tant de mots inutiles. Des mots qui ne servent à rien et des mots que ma mini n’aurait peut-être pas dû apprendre tout de suite. Des « veux pas », des « nooooonnn », des
« pet » et des « vagin »!
Des mots, ils en débarquent des nouveaux presque tous les jours ces derniers temps. À 21 mois, mon bébé se précipite dans le langage. Elle gesticule. Elle articule. Elle garroche des syllabes. Elle veut parler.
Le premier « ma-ma »
Je me souviens encore du premier « ma-ma ». Ce mot nécessaire. Elle n’avait pas encore 10 mois. Ne savait pas marcher. Tout juste, ramper. Nous en étions encore aux insomnies terribles. Puis, un murmure s’est fait entendre. Puis, clairement, un appel s’est frayé un passage hors du petit lit, s’est faufilé sous la porte de la chambre, nous a rejoint dans le nôtre. Haaaaa! Enfin! Toute la lumière du matin est apparue. L’être que j’avais mis au monde venait de mettre un mot sur notre attachement.
Le premier « je t’aime »
Puis, il m’a fallu attendre. Toutes sortes de mots sont apparus sur la langue de ma fille. Et des bouts de phrases que nous entonnions comme des comptines. Et des vocables déformés qui nous faisaient rire. Mais le verbe le plus important est demeuré muet. Jusqu’à ce qu’elle naisse enfin cette phrase, comme si tout avait été planifié (ou peut-être pas). Le premier « je t’aime » a enfin été formulé.
J’ai senti ma fille déposer ses mains sur mes joues. Elle a avancé son visage pour qu’il soit près du mien. Nous étions presque les yeux dans les yeux. La radio susurrait un air classique, du Ravel ou du Rachmaninoff. Le moment était parfait, c’en était agaçant. J’ai senti son haleine de petit chat me chuchoter « je t’aime ». Elle l’a répété, je crois, ou c’est moi qui lui ai demandé de le répéter tant je n’y croyais pas.
Pourquoi a-t-elle mis autant de temps à apprendre à le formuler? Pourquoi les premières paroles qui ont suivi le fameux « ma-ma » n’ont pas été ce « je t’aime »? Un petit « je t’aime » juste pour me rassurer dans la nuit quand elle refusait de dormir, par exemple. Comprend-elle mieux maintenant le poids d’un « je t’aime »?
Mais c’est trop tard, la phrase a laissé son empreinte. Si bien que depuis ce temps je le lui répète ce « je t’aime » juste pour l’entendre à son tour me le dire. « Je t’aime n’importe quand », lui dis-je. « Je t’aime tout croche ». « Je t’aime » pour une banalité. Je n’ai pas peur de lui dire et je veux qu’à son tour elle apprenne à le répéter. Dire « je t’aime » est une nécessité.
Quels sont les autres mots que vous avez espéré entendre de la bouche de vos enfants?