Si je me fie aux Internets, avoir une fille (pire, j’en ai deux!), c’est aussi devoir la garder protéger dans un donjon afin d’éviter tout contact avec les garçons. Ça semble si bien ancré dans la culture populaire que lorsque je google « dating my daughter » 99,99 % des résultats sont plutôt en lien avec « ne PAS dater ma fille ». Ça implique des papas qui tiennent des propos menaçants et souvent un shotgun. Même un livre que j’ai acheté en toute innocence parle nonchalamment de ce roi qui enfermait à double tour ses 12 filles une fois la nuit tombée. Sympathique.
Crédit : Emilie Cardin
Il paraît que c’est beau, un père protecteur qui agit de la sorte. C’est charmant, un papa-poule qui veut protéger sa fille envers et contre tous. Ils sont les gardiens de la vertu virginité de leur enfant. Criss. Même The Rock a utilisé le hashtag #SheCanDateWhenShes40 sur Instragram en partageant une photo de sa fille. Come on Dwayne.
Mes filles vont grandir. Elles vont avoir des copains ou des copines. Elles auront des relations sexuelles. Ben oui. Et non, personne n’attendra le ou la prétendant-e sur le bord de la porte avec un fusil (ou des menaces) pour faire peur et intimider. Je ne crois pas que ce soit en privant mes enfants du droit de sortir avec quelqu’un que je vais en faire de meilleures personnes. Je ne crois pas non plus que ça les empêchera de le faire de toute façon. C’est juste des plans pour me faire jouer dans le dos. J’ose espérer que je serai capable de leur parler de consentement, de respect et de plaisir et non de leur cacher et d’espérer qu’elles ne découvrent jamais le monde de la sexualité.
Je ne dis pas que je ne verserai pas une larme le jour où l’une de mes filles aura son premier rendez-vous. C’est une étape comme une autre dans mon rôle de parent. Je me demande seulement ce qu’il y a de mal à ce qu’une adolescente ait un chum (ou une blonde) et pourquoi cette attitude de « ne touche pas à ma fille sinon…» est autant socialement acceptée. Quelle est cette peur collective? Ne devrait-on pas plutôt chercher à donner les balises nécessaires à nos filles pour qu’elles puissent avoir des relations saines et communiquer avec nous?
Mes filles, ce qui m’importe, c’est votre bonheur. Ça n’implique pas, pour moi, de gâcher vos relations ou de vous garder sous clé. Je souhaite simplement pouvoir vous encadrer et pouvoir discuter avec vous lorsque ce jour arrivera. Vous n’êtes pas des poupées de porcelaine qui doivent être protégées pour toujours. Vous êtes des personnes en pleine évolution que nous, votre père et moi, devons préparer à vivre dans cette société et cela implique aussi d’accepter que nous ne pouvons avoir le contrôle sur votre coeur et sur votre corps.
Que pensez-vous de cette mentalité de « ne touche pas à ma fille sinon… »? Comment voyez-vous les relations amoureuses à l’adolescence?