On avait choisi la date du 29 février pour te faire franchir cette porte. La date la plus improbable du calendrier. Comme si de sonner la cloche de ton entrée à la garderie et la fin de mon dernier congé de maternité était tout aussi improbable.
La porte de la garderie, tu l’as franchie plusieurs fois par semaine, pour aller reconduire ta grande sœur dans son local des abeilles, puis des hiboux. Mais tu repartais toujours dans mes bras, lui faisant un petit coucou à travers la fenêtre.
Ce matin, par contre, tu es restée de l’autre côté de la porte pour la première fois, sans moi. Ce matin, tu es entrée à la pouponnière. Ce matin, ta vie de grande fille a commencé, signe que ma vie de travailleuse doit elle aussi reprendre.
Voilà ma Simone, nous y sommes. Toi, tu ne te poses pas trop de questions. Tu vas découvrir plein d’amis, de nouveaux jouets, des éducatrices fantastiques, de nouvelles saveurs, de nouvelles idées, de nouveaux obstacles, de nouvelles joies. Tu vas vite oublier que tu t’ennuies de moi. Seulement quand je viendrai te chercher, je te connais, tu te mettras à pleurer et à réclamer mes bras, comme si tu venais de te souvenir que ça faisait longtemps que je n’étais plus dans ton champ de vision.
Moi, par contre, j’aurai bien du mal à oublier rapidement que je m’ennuie de toi. Cette année a passé à la vitesse de l’éclair, comme si j’avais cligné des yeux. On pense en profiter au maximum chaque jour, mais on finit toujours par se dire qu’on aurait pu en faire plus. Plus de câlins, plus de dodos collés, plus de promenades, plus de tout…
J’aurais dû le savoir pourtant, je suis déjà passée par là une fois. Mais la mémoire est une faculté qui oublie tellement vite.
Ce qui me peine, c’est de savoir que maintenant, je ne serai pas témoin de tes exploits à chaque minute de ta vie. Que tu diras de nouveaux mots en mon absence. Que tu feras peut-être tes premiers pas vers une autre personne que moi. Avec un peu de chance, tu attendras d’être revenue à la maison pour m’offrir ce grand privilège.
J’ai confiance que tout ira bien. Confiance en ce CPE où ta sœur s’épanouit merveilleusement bien depuis trois ans, confiance en l’équipe qui ne m’a jamais déçue, qui donne toujours son 100 % malgré les conditions pas toujours faciles.
J’ai confiance que la vie te porte vers quelque chose de bien, qu’elle emboîte chacun des morceaux pour nous permettre de vivre ce qu’il y a de mieux pour nous quatre.
J’ai juste bien du mal, encore une fois, à me faire à l’idée que le temps passe trop vite.
Comment avez-vous vécu l’entrée à la garderie de votre enfant?