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Maman, regarde mes grosses fesses!
Crédit: Carolane Stratis

Vous pouvez demander à n’importe qui dans mon entourage, quand il est question d’acceptation de soi et de bien-être corporel, je suis assez intense. Je suis la fille qui va gosser ses collègues de bureau qui parlent d’eux-mêmes d’une façon dégradante. Je vais expliquer à mes amies nouvellement mamans qu’elles peuvent porter ce qu’elles veulent même si leur silhouette a changé. Je suis lourde et je le sais. Mais, je sais que mon discours change les choses, un petit pas à la fois, et aide les gens à s’accepter comme ils sont.
 
« Maman, regarde mes grosses fesses. » M’a dit ma fille de deux ans et demi l’autre jour (et plusieurs fois depuis).
 
Au début, j’ai eu le réflexe de lui dire qu’elle n’avait pas des grosses fesses. Comme je parle lentement, j’ai eu le temps d’y penser avant de le dire et j’ai pris la décision de ne rien lui dire. Je me suis mise à penser à plein de choses par rapport à ça parce que cette simple affirmation de ma fille soulève beaucoup de questions.
 
Qu’est-ce que « gros » veut dire pour un enfant de deux ans? Pour ma fille, « gros » c’est bon puisque ça veut dire beaucoup. Il n’y a pas encore de connotation péjorative au fait de trouver quelque chose ou quelqu’un gros. Elle veut un gros biberon, une grosse portion de bleuets, un gros câlin. Elle veut des choses en quantité sans perdre le côté qualitatif. C’est une petite fille qui vit encore, heureusement, avec l’innocence des mots.
 
Dans ce sens, en lui disant qu’elle n’a pas des grosses fesses, ou si je vais même jusqu’à lui interdire de parler comme ça de son corps, je diabolise le mot. Je change sa nature qui veut tout simplement dire : « Dont les dimensions sont supérieures à la moyenne » (Définition d’Antidote). C’est tout. C’est être hors de la norme sans y apposer une connotation négative.
 
En plus, en tant que personne supra prodiversité corporelle, pourquoi je devrais shamer mon enfant d’utiliser un terme logique qui s’applique à sa carrure? Dolores est hors de la charte de croissance, son poids et sa taille sont donc supérieurs à la moyenne. Dois-je lui dire de ne pas utiliser les bons termes qui la décrivent? Je ne pense pas. En fait, je suis convaincue qu’elle peut avoir une belle vie même en étant hors de la norme et je veux la sensibiliser à cet enjeu le plus tôt possible.
 
Je connais beaucoup de personnes qu’on pourrait qualifier d’avec un poids « hors norme » qui vivent une vie remplie et qui s’aiment telles qu’elles sont. Je veux pouvoir montrer à ma fille que même si elle ne rentre pas dans le moule, elle a le droit, elle aussi, d’être bien dans son corps, peu importe sa taille. Je l’aime comme elle est, avec ou sans ses grosses fesses.
 
Depuis que j’y ai bien pensé, je la laisse donc dire qu’elle a des grosses fesses parce que ça la fait rire. Elle me dit aussi que j’ai des grandes et grosses fesses, je la laisse faire. Quand elle sera en âge de comprendre, je lui dirai que ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise de se faire dire ça, mais à deux ans, je la laisse encore agir comme une enfant.
 
Est-ce qu’il y a des mots que vos enfants utilisent qui vous rendent mal à l’aise? 

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