Du haut de 15 ans, je me rappelle encore à quel point je me trouvais genre full hot d’avoir réussi à convaincre ma mère de me faire tatouer. J’étais la seule de mes amis, même la seule de mon école entière a en avoir un… Et avec raison…
Je n’avais choisi mon design que la veille et je pensais vraiment savoir ce que je faisais. Je me sentais vraiment préparée pour ce qui allait m’arriver. Résultat, je me suis retrouvée marquée à vie avec un tatouage de marde dont je garde encore des traces. J’ai été face à une situation d’adulte avec des réflexes de floune.
C’est avec le corps à moitié recouvert de tatouages que je suis devenue maman et qu’on m’a posé the question : « Est-ce que vous allez laisser vos enfants se faire tatouer? »
La réponse risque de surprendre : « Non! Jamais! ». Bon, avec du recul, je réalise que ce n’est pas réaliste de penser que ça n’arrivera jamais. Mais, tatouée ou non, comme tout parent, ce n’est pas nécessairement ce qu’on imagine pour le futur de nos enfants.
Photo : Valerie Poulin
Je n’ai vraiment rien contre l’expression artistique corporelle – duh! – mais je pense que, comme une panoplie d’autres choix, c’est le genre de choses qui ne devrait pas être prioritaire à l’adolescence. En toute honnêteté, je préfère rêvasser que mes filles deviennent tatoueuses plutôt que tatouées.
Le discours reste ouvert, même à leur âge, sur l’importance d’attendre, de bien choisir son dessin et d’être patient pour trouver l’artiste avec qui ça va cliquer. Nous leur faisons comprendre que oui, papa et maman sont tatoués, mais que c’est important d’attendre. Nous leur parlons de la douleur, des tatouages mal faits et des dangers qui peuvent survenir.
Personnellement, si c’était à refaire j’attendrais au moins mes 20 ans. Nous changeons d’idée tellement rapidement à l’adolescence, autant pour les modes que pour les amis et pour les activités. C’est donc quasi impensable de s’imposer un dessin et penser qu’on l’assumera (et qu’on l’aimera!) pour toujours.
Et soyons honnêtes, un corps, ça change aussi énormément. Mon corps de 15 ans n’est plus mon corps de 30 ans. C’est un aspect auquel on pense rarement quand on passe sous les aiguilles jeune. La peau s’étire et bouge. On grandit, on engraisse, on maigrit. Et là, je ne vous parle même pas de ce que peut engendrer une grossesse!
À bien des égards, quand j’y pense, j’étais à peine assez mature pour choisir un artiste digne de ce nom et encore moins pour administrer les soins nécessaires après un tatouage.
Pour dire, mes deux premiers tatouages sont en processus recouvrement par des énormes aplats de noir. Non pas parce que je ne les assume plus, mais plutôt parce que mes goûts ont changé, mes projets de tatouages ont évolués. Même à 30 ans, j’apprends encore à me connaître. Moi et mes goûts.
Ils font encore, et feront toujours, partie de mon histoire, ces tatouages. Mon papillon dans le bas du dos, je n’en ai jamais eu honte. Mon tribal, je l’ai longtemps aimé. Ils racontent encore mon parcours. Même le recouvrement pour moi représente une page qui se tourne sur ces étapes de ma vie.
À quel âge avez-vous fait votre premier tatouage? Quelle serait votre réaction si votre ado se tatouait?