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DPJ, trois lettres qui en disent long – Partie 2
Crédit: Greyerbaby/Pixabay

Je vous ai jasés de vos devoirs moraux et obligations légales pour signaler la situation d’un enfant à la DPJ. Vous vous en souvenez? Maintenant, la balle est dans votre camp comme on dit. Signaler ou non une situation, ça reste un choix. J’entends souvent des explications ou des excuses sur pourquoi les gens préfèrent ne pas faire un signalement. Je dois avouer que j’en comprends certaines et que d’autres me font sourciller.
 
« Je ne suis pas une snitch. »
Les années passent et il me semble que depuis que nous avons 8 ans, ce n’est pas bien vu d’être la personne qui dénonce, d’être celle qui rapporte une histoire. Cette excuse me fait un peu défriser (et j’ai le frisou ben frisé habituellement). Ne pas dénoncer votre voisin qui sort ses poubelles la veille du jour de la collecte des ordures, ok. Ne pas rapporter une situation où UN ENFANT est potentiellement dans une situation qui nuit à sa sécurité ou son développement, come on.
 
« Ça ne sert à rien de signaler, les signalements ne sont jamais retenus anyway. »
Je conçois qu’il peut être extrêmement frustrant lorsque nous prenons la peine de signaler une situation, ce dernier ne soit pas retenu. Que l’intervenant au bout du fil nous dise que ce qui est rapporté n’est pas « assez grave » pour qu’un dossier soit ouvert.
 
La Loi de la protection de la jeunesse en est une d’exception. Le fait d’intervenir de force dans une famille est quelque chose de très intrusif et grave. Ce n’est pas quelque chose qui doit être fait la légère. C’est pourquoi parfois, même si à nos yeux empathiques et pleins de bon sens une situation n’a pas d’allure, aux yeux de la loi c’est minimalement correct. Et la DPJ intervient lorsqu’une situation se trouve en dessous du minimum. Cependant, ce sont des intervenants qualifiés qui doivent prendre la décision de si oui ou non le minimum est présent. Il est donc essentiel de signaler une situation même si vous pensez que ça ne sert à rien. Parce que justement, peut-être que cette fois-ci, l’intervenant jugera qu’une visite à domicile est nécessaire, que la situation doit être évaluée.
 
« Si je signale, l’enfant sera retiré à ses parents. Je préfère qu’il reste avec ses parents qui lui donnent de l’amour. »


Crédit: Reactiongifs.com

Ahhhh, l’amour. Elle a le dos large l’amour. Nous pouvons accepter bien des choses en son nom. Vous savez, il est possible qu’un amour soit dysfonctionnel ou d’aimer de la mauvaise façon. C’est vrai au sein d’une relation de couple, ce l’est aussi dans une relation parents/enfant.
 
L’amour, ce n’est pas toujours suffisant malheureusement. Certains parents, malgré tout l’amour qu’ils portent à leurs enfants, ont beaucoup de difficultés à prioriser les besoins de ceux-ci. Ça arrive que l’argent qui devait servir à acheter les nouvelles lunettes se transforme en nouveau téléphone pour maman. Ou de l’alcool si une problématique de consommation est présente. C’est possible que parce que papa est trop fatigué de sa soirée d’hier, fiston ne se présente pas à l’école trois fois par semaine. Ni à son rendez-vous pour ajuster sa médication pour son TDAH. Ni à son suivi avec un psychologue.
 
Ces deux parents aiment leurs enfants. Cependant, il est possible qu’ils aient besoin d’aide pour s’ajuster dans leur rôle parental. Il n’est pas nécessairement question ici de leur retirer la garde de leurs enfants, mais de les accompagner dans le développement de leurs compétences de père et mère.
 
« Je connais quelqu’un qui a eu une mauvaise expérience avec la DPJ. »
C’est possible. Comme dans toutes les professions, il y a parfois des ratées. Ce n’est jamais souhaitable, mais ça arrive. Allez-vous arrêter d’aller chez le médecin parce que c’est possible qu’il se trompe dans son diagnostic? Je ne crois pas.
 
Il y a toujours deux côtés à une médaille. L’histoire que vous avez entendue, peut-être qu’il vous en manque des morceaux. Peut-être que la personne qui la raconte passe sous silence certaines parties parce qu’elles sont gênantes. Peut-être que la personne n’a pas conscience d’omettre des bouts de son histoire et qu’elle est biaisée dans sa lecture des évènements.


Crédit: Reactiongifs.com

 
Signaler, même si c’est difficile, est tellement important. Même si vous croyez que la situation dont vous êtes témoin n’est pas si grave que ça et qu’elle va s’arranger toute seule avec le temps, vous n’avez pas la formation et l’expertise pour en juger. Seuls les professionnels œuvrant dans ce milieu le sont. Au pire, si le signalement n’est pas retenu,  ça vous aura pris cinq minutes de votre vie. Cinq minutes pour potentiellement aider un enfant, c’est pas ben ben long. Pis, tous les signalements sont confidentiels, juré, craché.
 
Qu’est-ce que vous en pensez? 

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