À vous, mamans, qui ne vivez pas la grossesse féérique qu’on vous avait promise.
J’ai toujours entendu que la grossesse était le plus beau moment de la vie d’une femme! J’idéalisais cette période de ma vie où je porterais mon enfant, où je me sentirais belle et voluptueuse pour 9 mois. Malheureusement, ça ne s’est pas passé comme ça. Je ne peux pas dire que j’aime la grossesse. À vrai dire, je trouve ça extrêmement pénible.
Je suis atteinte de la Maladie de Crohn depuis les dix dernières années. Ayant eu des hauts et des bas, j’ai dû attendre d’être dans une période stable avant de pouvoir tomber enceinte. Le 1er avril 2012, j’ai eu le OK de mon médecin! Les mois suivants ont été assez actifs jusqu’à ce que mon œuf soit finalement fécondé en septembre. Notre bonheur s’est éteint en novembre. Comme bien des femmes, j’ai vécu une interruption involontaire de grossesse. Heureusement que j’étais déjà suivie en grossesse à risque, mon médecin a rapidement trouvé la cause et je suis retombée enceinte dès le mois de février.
Entre temps, la maladie s’est sournoisement réinstallée dans mon système. Mon corps s’est vidé des deux bouts durant les trois premiers mois me faisant perdre douze livres. J’ai donc été hospitalisée pour une dizaine de jours, sous traitement de cortisone malgré les risques pour le fœtus, je n’avais plus le choix sinon on y passait les deux. Le reste de cette grossesse a été parsemée de suivis hebdomadaires, d’angoisse, de médication, de commentaires et de jugements.
Certes, je n’avais pas le physique de la typique femme enceinte bien ronde et en chair alors j’étais constamment bombardée de commentaires sur la grosseur de ma bedaine. Je me sentais déjà assez coupable de ne pas être capable de porter la vie comme dans les livres, je n’avais pas besoin du regard culpabilisant des autres. Je me suis finalement rendue à 38 semaines et j’ai accouché d’une belle fille de 5 livres 14. Cependant, comme toute période difficile, on finit par oublier.
J’ai oublié et je suis retombée enceinte en septembre dernier. Cette fois-ci, ça faisait un an que j’étais en forme, j’avais même presque oublié cette foutue maladie. Les premiers mois ont été merveilleux, je prenais le poids qu’il fallait, bébé était top shape, bref LA grossesse idéale. À l’aube de mon quatrième mois, tout a basculé. Les symptômes sont revenus, pertes de sang, douleurs abdominales, fièvre, etc. Malgré la médication, le Crohn reprenait mon corps d’assaut. C’était le jour de la marmotte, hospitalisation, cortisone, jugements bref un sentiment de déjà-vu. Je serai donc provoquée un mois avant la date prévue et j’en compte les dodos.
Je me sens coupable de ne pas apprécier ce moment, car tant de femmes ne peuvent pas y parvenir. Je me sens coupable que mon corps ne soit pas capable de gérer la maladie et la grossesse. Je me sens coupable de ne pas avoir assez d’énergie à donner à ma fille de 2 ans et demi.
Je trouve ça dur, très dur.