Quand ça arrive, tu te dis que ça ne se peut pas. Tu te lèves tous les matins avec un goût amer, tu espères de tout ton cœur d’avoir rêvé, que c’est juste un cauchemar. Et puis la réalité te percute de plein fouet. Oui, c’est bel et bien arrivé. Nos jumeaux sont décédés, il y a maintenant 5 ans.
Les matins ont encore un goût amer (peut-être pour ça que j’ai toujours un « air de bœuf » le matin), mais de moins en moins longtemps. Teintés des sourires de mes trois autres amours, ils deviennent un peu moins lourds.
La vie va vite. Trop vite. Remplie à la fois de tempêtes et de grands bonheurs, elle fait son chemin un pas à la fois, jour après jour. Elle est belle quand même, la vie. Mais il y a ce sentiment de culpabilité qui traîne en moi chaque fois que je retrouve un peu de sérénité. Comme si j’angoissais à l’idée de laisser partir mes bébés. Le temps efface certains détails, les rendent loin dans mon esprit, et je ne suis pas certaine que ce soit positif.
Autant la douleur fut insupportable quand j’ai su qu’ils allaient mourir, autant je retournerais à ce moment précis, seulement pour revivre et encrer ces moments dans mon âme encore plus intensément. Seulement pour pouvoir les bercer encore une fois, les bécoter, les admirer. Éprouver cette fierté qui m’a submergée lorsqu’ils sont nés, tous mignons, tous roses et plein de vie. Je donnerais tout pour revenir en arrière, revivre ces moments encore une fois, les beaux et les moins beaux.
Quand on se compare, on se console. Bien sûr, il y a toujours des histoires pires que la nôtre, mais notre histoire à nous, elle est unique, bien réelle et nous devons apprendre à cheminer à travers elle. Car c’est loin d’être terminé. Même si la vie nous fait de beaux cadeaux au quotidien avec nos trois autres enfants, il y a toujours cette boule d’émotions intenses et partagées lorsque l’on prononce les noms de Justin et Étienne. Il y a toujours ce creux, ce vide, qui ne disparaîtra jamais, car mes bébés sont irremplaçables et uniques. Ils ont marqué notre vie à jamais, de bien des manières. Et ils feront toujours partie de notre histoire. Ils sont nos enfants, nos bébés qui n’ont juste pas eu la chance de vivre, mais qui sont venus nous faire un petit coucou et qui nous ont enseigné que l’on pouvait aimer infiniment, peu importe ce qui arrive dans la vie.
En ce moment, je serais en train de faire leur inscription à la maternelle. De déjà commencer à magasiner des sacs d’école pareils-pas pareils, des petits kits de linge beaucoup trop cute pour aller se salir dans la cour d’école. Au lieu de ça, je planifie un bon petit souper avec leur papa, qui pour la première fois cette année, accepte de « célébrer » leur anniversaire avec moi. J’achèterai un gros gâteau pour les jumeaux, avec des chandelles qu’ils ne souffleront jamais. Mais on se souviendra combien on les aime, combien on pense à eux, et c’est juste ça qui compte plus que tout en ce moment.
Bonne fête de 5 ans mes amours, maman